Dans sa liste, le pontife a mis en avant l’individualité ou conversion personnelle, sans laquelle toutes les réformes structurelles seraient vaines. «Une seule personne peut apporter énormément de bien à toute la communauté», a-t-il insisté.
Vient ensuite la conversion pastorale. «L’engagement de tout le personnel de la Curie doit être animé d’une pastoralité, (…) vraie communauté de foi et de charité, de prière et d’action». Selon le pape, il s’agit là du seul «antidote contre le poison de la vaine ambition et l’illusoire rivalité».
Parmi les vertus nécessaires au succès de la réforme, le pape a ensuite mentionné l’esprit missionnaire – ou christocentrisme – qui vise à annoncer la joie de l’Evangile aux confins du monde. Sans quoi, «une structure se corrompt en peu de temps», a-t-il estimé.
La rationalité est aussi importante selon le pontife, pour distinguer les compétences propres à chaque dicastère. «Aucun dicastère ne peut s’attribuer la compétence d’un autre dicastère». Tous, a insisté le pape, doivent se référer directement à lui.
Dans certains cas, la Curie devra aussi faire preuve de fonctionnalité. En particulier dans le contexte exclusif où deux dicastères doivent être regroupés, ce qui implique le renoncement de certains responsables. Dans d’autres cas, il peut s’agir de mettre en place plus d’interaction au sein d’un même dicastère.
La modernité figure aussi dans la liste dressée par le pape François. Elle équivaut, selon lui, à savoir lire «les signes des temps», de manière à ce que les dicastères soient plus conformes à la situation qu’exige notre époque.
La sobriété est par ailleurs indispensable, a exprimé le pape, afin de simplifier l’organigramme de la Curie, et ainsi offrir un «authentique et correct témoignage».
Le pape François souligne aussi le principe de subsidiarité qui concerne notamment le rôle et le fonctionnement de la secrétairerie d’Etat. Cette dernière est en effet chargée, entre autres, des rapports du pape avec les différents dicastères de la curie. Ce rôle était au centre des dernières discussions du C9 du 12 au 14 décembre dernier. «Le secrétaire d’Etat pourra mener cette importante fonction précisément en vue de la réalisation de l’unité» de la Curie, a expliqué le pape.
La réforme que veut mettre en place le pape doit aussi s’appuyer sur la synodalité. En d’autres termes, le pontife demande à ce que davantage de rencontres soient organisées entre les préfets, les chefs de dicastères et le pape lui-même. Cela sera permis par la réduction du nombre de dicastères. A l’intérieur même d’un dicastère, les sessions ordinaires de tous les membres devront être plus fréquentes.
Le pape veut encore instaurer plus de catholicité au service d’une vraie vie «spirituelle et morale». Dans cette perspective d’universalité, intrinsèque à la catholicité, le pontife souhaite que soit valorisé le «rôle de la femme et des laïcs dans l’Eglise», et qu’une attention particulière soit portée à la «multiculturalité».
Onzième critère souligné par le pape: celui de la professionnalité. Le pontife veut mettre l’accent sur la nécessité de mettre en place une formation permanente du personnel de la Curie. Il souhaite par ailleurs abolir la pratique du promoveatur ut amoveatur qui consistait jusqu’ici à offrir une promotion aux prélats que l’on souhaitait en fait mettre à l’écart.
La question de la gradualité vient enfin clôturer cette liste. Fruit d’un «indispensable discernement», elle vise à instaurer plus de flexibilité, qui n’est pas «indécision», dans la réforme de la Curie et des dicastères. Le pontife encourage ainsi «à vérifier, expérimenter, corriger ou improviser» dans les méthodes de travail. C’est ainsi que certaines réformes ont été enclenchées ad experimentum – pour une période de probation: c’est le cas pour le rattachement direct au pape du secteur des migrants dans le nouveau dicastère pour le développement humain intégral. (cath.ch/imedia/ah/rz)
Raphaël Zbinden
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