Parmi les personnes qui ne vivront pas les fêtes de fin d’année sous une avalanche de cadeaux et un tourbillon d’invitations, on trouve aussi les étudiants étrangers venus se former en Suisse. «Pendant leur séjour en Suisse, nous sommes un peu leur famille», explique Marco Cattaneo, directeur de l’œuvre St-Justin à Fribourg. " C’est pourquoi nous ne voulons pas les laisser seuls dans leur chambre. Nous voulons leur offrir, pendant les fêtes, un peu de chaleur humaine supplémentaire.»
Emmanuela, de Madagascar, étudiante en anglais, a plus de chance. Elle passera Noël et quelques jours de vacances avec sa grande sœur qui vit à Paris. Et lui apportera, comme il se doit, du chocolat suisse. «Je quitte un peu le cocon de St-Justin», sourit-elle. En période de l’Avent, Emmanuela a participé et animé les prières organisées quotidiennement à la chapelle St-Justin, où la lumière de la paix, venue de Bethléem, a été allumée au début décembre.
A Madagascar, la fête de Noël s’inscrit sous le signe du renouveau. Tout le monde participe à la veillée du 24 décembre ou à l’une des trois messes du jour, raconte-t-elle. La fête est aussi l’occasion de nettoyer la maison de fond en comble pour y recevoir la famille et les amis. Même s’il a peu ou pas de cadeaux, le sens du partage domine.
Anglicane venue d’Ouganda, Catherine, qui étudie l’informatique à Berne, fêtera Noël avec quelques compatriotes à l’église anglicane anglophone de Vevey. Elle y retrouvera aussi un peu de la chaleur familiale qui lui manque à cette période de l’année.
Pour Marco Cattaneo, il est impossible de fêter Noël sans faire référence à la naissance de Jésus. «C’est lui qui nous rassemble et si nous sommes là, c’est parce que Dieu a un projet pour chacun de nous, Suisses ou personnes venues de loin. Ainsi, nous faisons toujours, au cours du repas, un temps de prière où chacun, y compris parfois des musulmans, peut exprimer ce qu’il porte dans son cœur.»
La fête de Noël à St-Justin ne rassemble pas que les étudiants, mais aussi jusqu’à une cinquantaine d’autres personnes de tous âges, amis de la maison, personnes seules ou en difficulté. «Penser aux plus démunis, comme l’a été l’enfant Jésus dans la crèche, est une manière de témoigner de la vérité de notre accueil.» Il n’est pas rare que des liens se nouent et perdurent pendant des années. «L’an dernier, sans l’avoir préparé, nous avons reçu sept ou huit appels téléphoniques du monde entier, de personnes qui voulaient nous souhaiter un joyeux Noël. Nous avons mis tout le monde sur haut-parleur et nous avons conversé ainsi durant près de trois quarts d’heure. Ce fut un vrai moment de partage.»
C’est cette chaleur que Maïmouna, étudiante musulmane de Côte d’Ivoire, viendra chercher cette années encore dans l’après-midi de Noël. Dans son pays, la jeune femme, qui se forme en communication, célébrait volontiers Noël avec ses camarades chrétiens. Pour elle, la fête tourne essentiellement autour des enfants et des cadeaux qu’ils attendent. Les jeunes dont elle faisait partie rassemblaient des petits cadeaux pour les distribuer aux enfants des quartiers pauvres ou des orphelinats ou encore à des enfants musulmans qui ne célébraient pas Noël.
Pour l’abbé Emmanuel, venu du Ghana pour étudier la sociologie, Noël est un des temps forts de l’année. Au Ghana, cela commence avec le temps de l’Avent durant lequel les enfants préparent les saynètes qui seront présentées dans la nuit de Noël. Le 25 décembre, ce sont bien sûr les nombreuses messes célébrées dans diverses paroisses et communautés, toutes suivies d’une fête autour d’une boisson spécialement préparée pour la circonstance. C’est aussi la journée des dons de nourriture pour les voisins et les amis. Le 26 est consacré aux enfants qui font la tournée des maisons pour y recevoir des cadeaux. Arrivé au 27 décembre, il faut alors aller visiter sa famille. «A la fin, je dois dire stop !»
En Suisse, le programme de l’abbé Emmanuel sera plus léger. Il passera la veillée de Noël avec la communauté des missionnaires de Bethléem dans laquelle il vit. Le lendemain, il ira voir un collègue à Zurich, et le 26, il est invité à Berne dans une famille originaire du Kenya.
Pour tous, chaleur, attention, écoute, seront les mots d’ordre des célébrations de Noël à St-Justin , car «le Seigneur est parmi nous».
L’œuvre St-Justin
Fondée, en 1927, à Fribourg, l’oeuvre St-Justin accueille dans ses trois foyers de Fribourg, Genève, Zurich, et désormais Sion, des jeunes hommes et femmes de tous les continents venus acquérir une formation supérieure en Suisse. Ces jeunes, issus de diverses cultures et religions et dont certains bénéficient d’une bourse, étudient dans les domaines des plus divers, du génie-civil à la communication en passant par le droit ou la théologie. Après leurs études ils et elles contribueront au développement de leur pays. (cath.ch/mp)
Pierre Pistoletti
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