L’on entend toujours que «nous avons une identité chrétienne que nous devons défendre», a remarqué Mgr Gmür lors de l’émission Musik für einen Gast (SRF2 Kultur), le 18 décembre 2016. L’évêque trouve que l’on fait beaucoup de bruit autour de cette question. Pour lui, il s’agirait d’abord de «prouver» que le christianisme appartient bien à l’identité du pays. Plutôt qu’une «identité chrétienne» en tant que telle, il considère que la culture suisse est influencée par le christianisme. Il estime qu’une grande partie des croyances existant au sein d’un contexte social sont «culturellement conditionnées».
Le président du Parti démocrate chrétien (PDC), Gehrard Pfister, avait déclaré début novembre que les valeurs chrétiennes faisaient partie de l’identité suisse. Ses déclarations avaient suscité un large débat. Plusieurs personnalités d’Eglise, dont des évêques y avaient pris part. Suite à un sondage de l’hebdomadaire romand Matin Dimanche, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), s’était déclaré «pas tellement» étonné par le fait que 80% des Suisses revendiquaient des valeurs chrétiennes. Il se demandait tout de même ce que les représentants de cette immense majorité entendaient par «valeurs chrétiennes», estimant qu»il y avait probablement une certaine variété».
L’évêque de Bâle s’est également exprimé, au cours de l’interview à SRF2, sur la question des femmes prêtres. Le prélat a jugé qu’il existait au sein de l’institution un certain nombre de problèmes «structurels» dont il faut s’occuper. L’un d’eux concernerait «l’intégration des femmes dans la structure administrative». Cette intégration «n’est sûrement pas ce qu’elle devrait être, compte tenu du contexte de notre époque», a-t-il estimé.
Mgr Gmür a dans le même temps relativisé l’importance de la question des femmes dans l’Eglise. Pour lui, les changements structurels n’amènent pas les personnes à croire. «Ce qui m’intéresse encore plus, c’est que les gens trouvent Jésus», a-t-il affirmé. Le prélat considère qu’en ce qui concerne la question des femmes, l’Eglise a besoin de beaucoup plus de temps que pour celle d’un «éventuel mariage des prêtres». L’évêque juge que ce dernier point pourrait devenir réalité. Il affirme que, lors de la dernière visite ad limina des évêques suisses à Rome, fin 2014, le pape François n’a «pas catégoriquement exclu» cette idée. (cath.ch/kath/bal/rz)
Raphaël Zbinden
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