Mgr Vitus Huonder, qui fêtera ses 75 ans le 21 avril prochain, remettra sa démission pour cette date. Le Vatican n’a pas fait de commentaires après l’audience. Mgr Huonder a offert au pape François une relique de saint Nicolas de Flüe, patron de la Suisse. L’Eglise catholique en Suisse fêtera les 600 ans de sa naissance en 2017. Frère Nicolas, en allemand Niklaus von Flüe, est né en 1417 et mort le 21 mars 1487 à Sachseln, en Suisse centrale. D’après le porte-parole du diocèse de Coire Giuseppe Gracia, interrogé par kath.ch, le pontife a accueilli le cadeau avec beaucoup de joie et a embrassé les reliques. Il s’agit d’un os de la jambe du saint qui appartenait à l’ordinariat de Coire. Giuseppe Gracia a indiqué qu’aucune information ne serait donnée sur le contenu de la discussion entre les deux hommes.
Les spéculations publiques autour de la succession de Mgr Huonder n’allaient pas être abordées lors de cette rencontre, avait d’emblée précisé le porte-parole du diocèse. La situation de l’évêché de Coire, secoué par une suite de polémiques, est en effet délicate. Les prises de positions médiatiques au sujet de la succession de l’évêque, qui doit présenter sa démission l’an prochain pour raison d’âge, sont nombreuses.
L’évêque de Coire avait eu maille à partir avec la justice en 2015 pour ses déclarations controversées sur l’homosexualité. Dans un exposé lors d’un rassemblement catholique le 31 juillet 2015 à Fulda, en Allemagne, il avait cité deux passages du livre du Lévitique: «Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination» (Lv 18,22), et le verset: «Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux» (Lv 20,13). Après le scandale médiatique, l’association d’homosexuels Pink Cross et deux privés avaient déposé plainte contre le prélat. Mais le Tribunal cantonal des Grisons avait rejeté, le 20 mai 2016, le recours émis par Pink Cross contre le Ministère public, qui avait décidé en octobre 2015 de classer le dossier.
Plus récemment, l’évêque de Coire avait exclu qu’une personne recourant au suicide assisté puisse bénéficier du sacrement des malades. Dans une lettre ouverte publiée le 4 décembre 2016 à l’occasion de la Journée mondiale des droits humains (10 décembre), le prélat grison estimait que même les soins palliatifs pouvaient, en certaines circonstances, être contraires au processus naturel de la mort et en cela à la volonté de Dieu. Ces déclarations ont fait grand bruit en Suisse alémanique, notamment sur les réseaux sociaux.
La succession de l’évêque de Coire suscite également de nombreuses prises de position. Dans ce cadre, l’Alliance «Es reicht!» (Ça suffit !) a lancé le mois dernier la pétition «Ensemble pour un nouveau départ dans le diocèse de Coire». Avant de nommer un nouvel évêque sur le siège de Coire, il faut que la paix revienne dans le diocèse, estime ainsi le théologien alémanique Erwin Koller, président de la Fondation Herbert Haag «pour la liberté dans l’Eglise».
C’est l’avis partagé par l’Alliance «Es reicht!» qui plaide pour la nomination d’un administrateur apostolique qui puisse recréer la confiance dans ce diocèse «polarisé».
Les signatures seront remises à la fin de l’année au nonce apostolique en Suisse, pour les transmettre au pape François.
En avril dernier, Mgr Martin Kopp, vicaire général du diocèse de Coire pour la Suisse centrale, souhaitait, dans le bulletin paroissial d’Obwald, que «la période de tourments qui affectent le diocèse prenne fin».
Il plaidait pour que l’élection d’un nouvel évêque soit d’abord suspendue. A son avis, par souci de ramener la paix dans le diocèse, le pape devrait nommer directement un administrateur apostolique pour une période intérimaire. Cette personne devrait préparer le terrain pour que, peut-être dans six ans, il puisse y avoir un choix responsable avec une meilleure participation de l’Eglise locale. Face à la réalité du diocèse de Coire, actuellement déchiré et divisé sur un certain nombre de questions, Martin Kopp souhaitait alors une pause, car «nous avons besoin de temps, de sorte qu’avant tout la confiance, la paix et la tranquillité puissent revenir» dans le diocèse. (cath.ch/imedia/com/be)
Jacques Berset
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