Le chef de l’Eglise copte orthodoxe, en visite en Grèce, est rentré précipitamment au Caire à la nouvelle de l’attentat contre ses fidèles. Il a conduit lundi les obsèques des victimes en présence de leur famille dans l’église de la Vierge Marie à Nasr City. Il a dénoncé cet attentat sanglant, «une calamité qui ne vise pas l’Eglise en particulier, mais bien la patrie», un acte qui vise toute l’Egypte, a-t-il lancé après la messe, rapporte l’agence de presse Al-Ahram Online. L’attentat terroriste, qui n’a pas encore été revendiqué, a fait 24 morts et 49 blessés, la plupart des femmes.
Les obsèques en présence des familles ont été suivies de funérailles d’Etat en présence du président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi et des membres des autorités au mémorial du Soldat inconnu des forces armées, à Nasr City. A cette occasion, le président Al-Sissi a déclaré que l’attentat avait été perpétré par un jeune homme du nom de Mahmoud Mostafa, âgé de 22 ans.
Le ministère égyptien de la solidarité sociale a déclaré lundi 12 décembre dans un communiqué de presse que les familles des victimes recevraient une indemnisation une fois les enquêtes terminées.
Interrogé par cath.ch à Lausanne, Raymond Mortagui relève la volonté des extrémistes musulmans de déstabiliser le pays. «Le président Al-Sissi essaie de consolider les liens entre chrétiens et musulmans, il met tout en œuvre pour que cette relations soit solide. Cela ne plaît pas à tout le monde, en Egypte et dans certains pays arabes de la région», affirme ce chrétien copte d’origine égyptienne vivant en Suisse depuis quatre décennies.
«Ce n’est pas seulement mon opinion; je suis en contact permanent avec ceux de ma famille qui sont restés sur place en Egypte: cet attentat vise à mettre en difficulté le gouvernement. Il prend pour cible plus le gouvernement que l’Eglise elle-même!»
Et de soupçonner que des djihadistes sont financés par de l’argent venant notamment de la Péninsule pour saboter la politique du président Al-Sissi: «Ce travail de rapprochement entre les communautés, pour que chrétiens et musulmans ne soient plus qu’une seule main, gêne beaucoup les extrémistes, que ce soit en Egypte même ou à l’extérieur…»
Le 6 janvier 2014, le président A-Sissi participait à la cathédrale Saint-Marc à la liturgie de la veillée du Noël copte, «un fait sans précédent dans l’histoire de l’Egypte» visant à rapprocher les communautés, note le Lausannois. Les coptes orthodoxes célèbrent la Nativité le 7 janvier, selon le calendrier julien.
Le 14 août 2013 au matin, dans une action planifiée dans toute l’Egypte, 86 églises et couvents étaient incendiés à l’aide de cocktails Molotov ou endommagés par les islamistes pro-Morsi, le président membre des Frères musulmans qui avait été destitué par l’armée une dizaine de jours auparavant. Sur les quelque 90 millions d’Egyptiens, près de 10% sont des coptes orthodoxes, les coptes catholiques étant une petite minorité de 225’000 fidèles. Les coptes ont souvent été la cible d’attaques d’islamistes en Egypte ces dernières années. La nuit de Nouvel-An 2011, un attentat commis devant l’église des Saints (Al-Kiddissine) à Alexandrie, la deuxième ville du pays, avait causé la mort de plus de vingt personnes. Ces derniers mois, les attaques se sont multipliées contre la communauté copte en Egypte. Cet été, des maisons de familles chrétiennes ont été prises pour cible, notamment dans plusieurs villages de la province de Minya, en Haute-Egypte. (cath.ch/alahram/be)
Jacques Berset
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