La formation des prêtres a besoin d’être «relancée, rénovée et remise au centre», affirme en préambule le cardinal Beniaminio Stella dans un entretien au journal du Vatican. Le préfet de la Congrégation pour le clergé est le signataire de ce document, qui a été approuvé par le pape François le 13 octobre dernier.
46 ans après le dernier document en date sur la formation des prêtres, cette Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis – son nom technique – se veut un instrument et un guide efficace pour la «formation intégrale» des prêtres: une formation, note le prélat, capable d’unir «de manière équilibrée la dimension humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale» du sacerdoce.
Parmi les nouveautés de cette Ratio, qui reprend les indications de l’exhortation Pastores dabo vobis (1992) de Jean Paul II, le cardinal Stella cite «l’accent» sur la dimension humaine du sacerdoce. «On ne peut pas être prêtre sans un équilibre mental et du coeur, et sans maturité affective», affirme-t-il, «toute lacune ou problématique non résolue dans ce domaine risque d’être gravement délétère soit pour la personne, soit pour le peuple de Dieu».
Dans ce contexte, les évêques et les formateurs ont une grande responsabilité et sont appelés à exercer une «vigilance perspicace» sur l’identité des candidats, sans hâte ou superficialité, sans «automatisme» non plus. Le document réaffirme notamment que l’Eglise ne peut admettre au sacerdoce les personnes ayant des «tendances homosexuelles profondément enracinées».
Dans la perspective de cette formation humaine, la Ratio insiste sur la nécessité d’une période de vérification – la propédeutique – avant même le début du séminaire. Puis le cursus du séminaire lui-même est ré-organisé en trois étapes: celle du «disciple» qui correspond aux études philosophiques, celle de la «configuration», qui correspond aux études théologiques, et celle enfin de la «synthèse vocationnelle», qui est plus pastoral.
Ceci, ajoute le cardinal Stella, afin «d’avoir des prêtres aux manières aimables, authentiques, fidèles, intérieurement libres, émotionnellement stables, capable de tisser des relations pacifiées et de vivre les conseils évangéliques, sans raideur, sans hypocrisie ni échappatoire».
Le prêtre, poursuit-il au cours de cet entretien, n’est pas «un homme du faire, un leader, un organisateur religieux ou un fonctionnaire du sacré», mais un «disciple amoureux du Seigneur», dont la vie et le ministère sont fondés sur une relation intime avec Dieu et sur la configuration au Christ bon pasteur.
Il leur faut ainsi cultiver la vie spirituelle «avec discipline» et en lui consacrant du temps, notamment à travers la direction spirituelle – la leur et celle de leurs fidèles. Dans ce domaine, le cardinal Stella insiste sur la nécessité d’un «discernement clairvoyant», qui ne soit pas une «rigidité».
Selon le cardinal Stella, ce document a été rendu nécessaire par les mutations et les évolutions du contexte historique, socio-culturel et ecclésial depuis 1970. Ainsi que l’image et la vision du prêtre, les besoins spirituels du peuple de Dieu, et le défi de la nouvelle évangélisation. Troisième facteur explicatif pour le chef de dicastère: le magistère du pape François, qui s’est souvent adressé aux prêtres au point d’en faire un axe majeur de son pontificat. (cath.ch/imedia/ap/rz)
Raphaël Zbinden
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