Rendue publique sur le site italien Il Sismografo au moyen de trois simples photos, cette missive est datée du 1er décembre, et porte le tampon de la nonciature apostolique au Venezuela. Signée du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, la lettre publiée est adressée, de manière confidentielle, au chef de la délégation de l’opposition, avec copies aux autres participants du dialogue national: gouvernement et médiateurs, dont l’UNASUR, l’Union des nations d’Amérique du sud.
Dans ce courrier, le cardinal Parolin affirme son souhait de «dépasser les divergences sur l’opportunité du dialogue ou son instrumentalisation». Notamment par l’abandon d’un langage «agressif, violent et peu sincère», qui ne favorise pas le «climat de confiance» nécessaire. Le prélat, ancien nonce apostolique au Venezuela, et conscient des risques d’une participation du Saint-Siège, explique également que son rôle n’est pas celui d’une «médiation», mais d’un «accompagnement» et d’une «facilitation».
Faisant part de sa préoccupation quant aux lenteurs et au retard des négociations, le ›numéro 2’ du Vatican fixe ainsi quatre demandes aux parties, dont la libération des prisonniers politiques, une aide humanitaire pour le pays, et le rétablissement des compétences de l’Assemblée. La lettre porte enfin la mention selon laquelle le Saint-Siège se réserve le droit de la rendre publique, «si nécessaire».
L’influent site vénézuélien La Patilla avait révélé, le 4 décembre, l’existence de cette lettre, en même temps que les accusations du président Maduro, dénonçant une manœuvre pour faire imploser le dialogue en cours. Le lendemain, un autre responsable gouvernemental critiquait à la télévision le rôle du Saint-Siège, l’accusant d’être partial. Selon lui, le Saint-Siège ne doit être considéré ni comme un intermédiaire ni comme un médiateur, mais seulement comme un «invité».
Le 23 octobre dernier, le gouvernement du président Nicolás Maduro avait été accusé par le Parlement, dominé par l’opposition, d’avoir perpétré un coup d’Etat. Après sa rencontre avec le pape François, le 24 octobre, le président avait accepté le principe de discussions avec l’opposition vénézuélienne.
A l’issue d’une table-ronde déterminante le 6 décembre, l’envoyé spécial du Vatican, Mgr Claudio Maria Celli, a cependant affirmé que le dialogue politique national serait «réactivé» le 13 janvier 2017. Il a également demandé un «cessez-le-feu médiatique». (cath.ch/imedia/ap/rz)
Raphaël Zbinden
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