Nicolas Blancho poursuivi pour propagande islamiste

Nicolas Blancho, président du Conseil central islamique suisse (CCIS), est dans le collimateur de la justice. Une enquête pour propagande islamiste lancée en décembre 2015 contre un des membres de l’organisation basée à Bienne a été étendue à l’ensemble de ses dirigeants.

Le Ministère public de la Confédération (MPC) avait d’abord ouvert une procédure contre l’Allemand résidant à Berne Naim Cherni, pour soupçons de violation de l’article 2 de la loi fédérale interdisant les groupes Al-Qaida et Etat islamique (EI), ainsi que les organisations apparentées, rappelle le quotidien Romand Le Temps du 26 novembre 2016. En cause: une vidéo tournée en Syrie dans laquelle Naim Cherni, qui a le titre de «producteur culturel» pour le CCIS, s’entretient avec le djihadiste saoudien Abdallah al-Muhaysini, leader de l’organisation Jaysh al-Fath, liée à Al-Qaida. Le procureur général reproche au film de ne pas se distancier explicitement d’Al-Qaida, et donc d’en faire la publicité.

Un procès pour l’exemple

Le procureur général de la Confédération, Michael Lauber, a confirmé dans le quotidien alémanique Neue Zürcher Zeitung (NZZ) du 25 novembre, que l’enquête s’étendait désormais également à son président, le Bernois converti à l’islam Nicolas Blancho, ainsi qu’au responsable de la communication et numéro deux du CCIS, Qassim Illi. Le magistrat explique vouloir faire de l’affaire du CCIS un exemple. «Ce cas est considéré comme hautement prioritaire, car nous voulons savoir jusqu’où peut aller la liberté d’expression et à partir de quand la propagande pour une organisation terroriste devient répréhensible», note-t-il dans la NZZ. Les organisations terroristes ont radicalement changé de mode de fonctionnement au cours des dernières années, passant d’une hiérarchie pyramidale à un mode de fonctionnement en réseau, quasi sans structures, souligne Michael Lauber. «La limite entre la simple sympathie et le soutien à l’organisation terroriste est donc difficile à définir».

Une démarche»politique»?

De son côté, le CCIS présente la vidéo comme un «documentaire» et revendique la liberté de presse et d’expression. L’organisation d’obédience salafiste dénonce, dans un communiqué visible sur son site internet, une procédure «politiquement motivée» et une volonté de «diffamation» de la part du Ministère public. Les dirigeants du groupe se déclarent néanmoins prêts à défendre leur point de vue lors du procès qui pourrait se dérouler l’an prochain au tribunal pénal fédéral de Bellinzone, au Tessin. «Nous, musulmans, ne nous laisserons pas repousser, dans le cadre d’un procès spectacle politisé, dans le coin terroriste», avertit toutefois le communiqué.

Soutien aux candidats au djihad

Dans Le Temps, Johannes Saal, chercheur lucernois spécialiste du mouvement djihadiste en Suisse, interprète bien la vidéo comme un exercice de propagande. «L’idée, c’est de dire: ne rejoins pas l’Etat islamique, viens plutôt du côté d’AlNosra (branche syrienne d’Al-Qaïda, ndlr.)», analyse l’expert. Cette seconde organisation partage cependant une idéologie similaire à celle de l’EI, visant notamment à établir un califat en Syrie.

Pour Johannes Saal, Naim Cherni et Qassim Illi s’inscrivent clairement dans le mouvement djihadiste. La femme de ce dernier, Nora Illi, a récemment renforcé cette impression en plaidant à la télévision allemande en faveur du départ des jeunes gens en Syrie. Apparaissant en burqa lors d’un talk-show à une heure de grande audience, la Zurichoise convertie a soutenu la volonté de jeunes musulmans de partir «se battre contre les sbires d’Assad» en Syrie.


La mosquée de Genève renonce à un imam controversé

Deux autres figures de l’islam radical en Suisse font parler d’elles dans les médias.

Des journaux romands notent d’abord que la mosquée du Petit-Saconnex, à Genève, a renoncé à engager l’imam controversé Youssef Ibram. Le religieux, qui exerce son activité à Volketswil, dans le canton de Zurich, et aurait dû prendre ses fonctions à Genève en janvier, a vu son contrat résilié. Une décision prise pour «privilégier l’intérêt collectif», a expliqué le superviseur de la Fondation culturelle islamique de Genève, Ahmed Beyari.

Youssef Ibram avait été engagé un première fois à Genève, en 1982, pour être remercié en 1991. Il s’était ensuite déplacé en Suisse alémanique, où il avait été à l’origine de plusieurs controverses. Dans un article paru dans le journal Coopération en 2004, il affirmait notamment ne pas pouvoir condamner la lapidation des femmes adultères puisque celle-ci faisait partie de la charia.

A Zurich, un imam albanais a introduit clandestinement du matériel de propagande salafiste dans la prison zurichoise du Limmattal, rapporte le 25 novembre le quotidien Tages-Anzeiger. Le document distribué préconise notamment de fouetter ceux qui se rendent coupables de luxure et de couper les mains des voleurs. Son auteur est un imam saoudien connu pour ses discours violents, dont les livres sont proscrits en Allemagne. (cath.ch/lt/ag/rz)

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/nicolas-blancho-poursuivit-propagande-islamiste/