«Après avoir consacré un premier guide aux écoles, puis un autre aux jardins publics, nous nous sommes intéressés aux lieux de culte, explique le professeur Dave Lüthi, directeur de la publication. Nous y présentons un état de connaissance tout en valorisant un corpus méconnu et sans doute largement sous-estimé».
Les édifices religieux construits entre le XIXe et le XXe siècle ne suscitent effectivement pas le même intérêt que l’emblématique cathédrale, l’église Saint-François ou encore le temple de Saint-Laurent. «Le guide s’intéresse à des réalisations moins visitées», poursuit le professeur d’histoire de l’art.
Après un inventaire exhaustif d’une cinquantaine de bâtiments, trente édifices ont été retenus pour la constitution du guide. Un choix fondé sur différents critères, notamment l’état de conservation ou la qualité des archives disponibles. L’ouvrage présente en détail l’église orthodoxe grecque, la basilique Notre-Dame du Valentin, l’église du Sacré-Cœur, le temple de Montriond, l’église écossaise, le temple de la Croix-d’Ouchy ou encore la chapelle du Servan, pour ne citer qu’eux.
«Découvrir ces églises, c’est en même temps découvrir le milieu social qui les a créées»
Autant de bâtiments qui constituent une optique extrêmement intéressante pour découvrir la ville sous différents aspects, selon Dave Lüthi. «Ils sont un indicateur sociologique de premier choix qui permet de comprendre l’histoire de Lausanne. Les églises du centre-ville sont plus prestigieuses que celles des périphéries, construites par des communautés plus pauvres. Dans des zones historiquement protestantes du nord, les temples sont majoritaires. Sous-Gare ou à Ouchy, quartiers touristiques, vous trouverez une église anglaise et une église écossaise, détaille-t-il. Découvrir ces églises, c’est en même temps découvrir le milieu social qui les a créées». Pour ce faire, le guide propose trois itinéraires qui situent ces réalisations dans leur contexte historique, sociologique et religieux.
Deux semestres universitaires ont été nécessaires à la réalisation de cet ouvrage. «J’ai suggéré les thèmes en amont. Puis chaque étudiant a choisi celui qu’il souhaitait développer». Un travail qui n’a pas toujours été facile à réaliser. «Il devient de plus en plus difficile de visiter des églises souvent fermées, regrette Dave Lüthi. Dans le milieu protestant en particulier, les pasteurs n’ont guère de temps pour accueillir les étudiants. De même, les archives – lorsqu’elles existent encore – suscitent visiblement peu d’intérêt des détenteurs. Elles sont souvent mal classées et se révèlent parfois peu bavardes». C’est donc par hypothèse que les étudiants ont mené leur recherche, en reconstituant des «réseaux» et des «ambiances» tout en contextualisant plus largement le cas lausannois dans ce que l’on sait de l’art religieux à l’époque en Suisse, voire en Europe.
Ce travail s’inscrit également dans une optique d’avenir. «Que deviendront ces espaces à une époque où la religion a perdu pour beaucoup son rôle de modèle social et moral?, s’interroge Dave Lüthi dans la préface de l’ouvrage. La réponse reste à trouver, écrit-il, mais il est certain qu’elle devra être fondée sur une vision globale, panoramique, ouverte et respectueuse de ces témoignages d’une foi forte pour se dessiner de manière harmonieuse et pertinente». En soulignant la valeur de ce patrimoine fragile, cet ouvrage se situe pleinement dans cet horizon. (cath.ch/pp)
Référence et vernissage
Dave Lüthi (dir.), Lausanne – Les lieux du sacré, Berne, Société d’histoire de l’art en Suisse, 2016 (Architecture de poche 3) (ISBN: 978-3-03797-277-9 / ISSN: 2296-1402).
Le vernissage de l’ouvrage aura lieu le 6 décembre 2016 à l’église anglaise (Av. de l’Eglise Anglaise 14 à Lausanne) en présence des auteurs. Informations et inscriptions [pdf].
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
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