«On ne peut pas fermer la Porte à la miséricorde», lance, serein, Mgr Jean Scarcella, Père-Abbé de l’Abbaye de Saint-Maurice. «Nous la fermons au péché», ajoute celui qui a présidé la messe pontificale de clôture du jubilé de la Miséricorde à l’issue de laquelle la Porte sainte de la basilique a été refermée. Le couloir de l’Abbaye résonne des discussions que partagent les fidèles avec leur Père-Abbé et les chanoines à l’heure de l’apéro.
«Nous fermons la Porte au péché».
Un peu plus tôt dans la matinée, Mgr Scarcella a présidé la messe pontificale de clôture du jubilé de la Miséricorde. «L’heure n’est pas au bilan mais à la joie de ce que nous venons de vivre dans nos communautés et personnellement, tout au long de cette Année de la miséricorde», a-t-il souligné. Son homélie était dédiée à la miséricorde, en lien avec l’Evangile de ce dimanche.
«Le Paradis avec un ‘P’ majuscule, a souligné Mgr Scarcella, faisant allusion au bon larron de l’Evangile du jour, n’est pas un lieu de rêve. Nous entrons dans le Paradis c’est-à-dire dans le cœur de Dieu, au plus fort de sa miséricorde», a-t-il insisté. Le Père-Abbé a rappelé que Dieu a rendu la promesse du paradis possible pour tous et que tous sont capables du Paradis des saints. «La miséricorde qui nous arrache au pouvoir des ténèbres est le chemin qui nous mène au Paradis».
«Cette Porte qui se referme aujourd’hui ne nous emprisonne pas mais marque le chemin vers le paradis», explique le Père-Abbé. Cette Porte est selon lui une œuvre de conversion qui nous tourne vers le ciel en citant l’expérience du bon larron sur la croix. «Notre péché nous pousse à rejeter le Père et le pardon nous rattrape sur les ailes de la miséricorde».
En évoquant les mois passés, Mgr Scarcella parle d’une année de grâces extraordinaires et inépuisables. «Quelque chose de fort a été vécu durant cette Année de la miséricorde, cette grâce n’est pas stérile, elle a nourri un peuple immense. Nous allons vivre un renouveau». Il évoque sa joie et celle qu’il a vue sur les visages durant la messe.
Au terme d’une Année très riche, il se dit spirituellement renouvelé et admet qu’il a redécouvert des éléments de sa vie de chrétien. «Cela ouvre à la confiance et à l’abandon». Il est heureux de ce qui a pu se vivre au sein de la communauté, notamment le dialogue et l’intérêt que tous ont partagé sur le monde, les événements et le pape.
En écho au bilan que les diocèse romands ont esquissé, le chanoine Roland Jaquenoud, prieur de l’Abbaye, est étonné en bien et se réjouit de la réponse que les gens ont donnée à ce qui avait été organisé durant cette Année de la miséricorde. «On a constaté une hausse de la fréquentation des confessions». Comme dans les autres diocèses, les fidèles ont répondu présent. Il cite la célébration pénitentielle de préparation au Carême, à laquelle deux fois plus de fidèles qu’attendus sont venus.
«Beaucoup de gens sont venus et ont redécouvert le sacrement de la réconciliation», ajoute le chanoine Thomas Rödder, recteur de la basilique. Il n’y a pas eu de décompte. «Il s’agissait de confessions profondes, motivées par le désir de rencontrer la miséricorde de Dieu». Il explique que la plupart de ceux venus à l’Abbaye ne savaient pas comment aborder ce sacrement mais qu’ils étaient prêts à le faire. Il y voit un beau signe de la foi.
«Il est vrai que cette fréquentation s’inscrit dans l’impulsion donnée par le jubilé des 1500 ans de l’Abbaye qui venait à peine de se terminer, reconnaît le prieur, nous avons eu deux jubilés coup sur coup». Le bilan est positif, nous avons de beaux signes de foi mais «miséricorde ou non, il y a tout un travail d’évangélisation à faire». Il souhaite vivement que le cœur des gens connaissent la grâce du Christ.
Après l’envoi, les chanoines et les prêtres présents pour l’occasion, ont entraîné les fidèles à leur suite pour passer une dernière fois la Porte sainte de la basilique ouverte le 13 décembre dernier. Celle-ci a été fermée simplement, sans rite, par le chanoine Thomas Rödder, recteur de la basilique, conformément aux directives de Rome.
«J’ai fermé cette Porte de la miséricorde doucement. Ce n’était pas du théâtre mais un témoignage», sourit le chanoine Thomas Rödder. Selon lui, cette fermeture en douceur de la porte indique qu’elle n’est pas définitive. «Fermer une porte en douceur signifie qu’on peut la rouvrir». La miséricorde ne touche pas à sa fin mais, pour le recteur, on a simplement fermé le symbole de cette Année jubilaire. La Porte nous envoie pour vivre en témoins de la foi chrétienne». (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/mgr-jean-scarcella-on-ne-fermer-porte-a-misericorde/