Avant la procession d’entrée et avant de commencer ce consistoire, le pape s’est recueilli relativement longuement devant le tombeau de saint Pierre.
En introduction de cette cérémonie, le premier des nouveaux cardinaux, Mgr Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie a prononcé, au nom des cardinaux, un discours de salutation adressé au pontife. Il a ainsi confié que les futurs cardinaux voyaient en le pape François, successeur de Pierre, l’infatigable œuvre de l’Eglise pour la cessation de la violence et des guerres dans diverses parties du monde; pour la réconciliation et la paix, l’accueil des réfugiés ; la solidarité entre les nations et le développement intégral des peuples.
Après la lecture de l’Evangile (Lc 6, 27-36) le pape François s’est adressé solennellement aux nouveaux cardinaux : «cher frère nouveau cardinal, le chemin vers le ciel commence dans la plaine, dans le quotidien de la vie rompue et partagée, d’une vie dépensée et donnée. Dans le don quotidien et silencieux de ce que nous sommes. Notre sommet est cette qualité de l’amour».
Le chef de l’Eglise catholique a par ailleurs mis en perspective la création des cardinaux et l’élection des apôtres. «Au lieu de les maintenir en haut sur la montagne, au sommet», le Christ a conduit les disciples «au cœur de la foule, les met au milieu de ses tourments, au niveau de leur vie», a fait observer le pape. «De cette manière, a-t-il estimé, le Seigneur leur révèle (…) que le vrai sommet s’atteint dans la plaine, et la plaine nous rappelle que le sommet se trouve dans un regard et spécialement dans un appel: ›soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux’».
Cette invitation, a expliqué le pontife, est accompagnée de quatre exhortations: «aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous traitent mal».
Pourtant, face à nos ennemis, «notre attitude première et instinctive, est de les disqualifier, de les discréditer, de les maudire: dans beaucoup de cas, nous cherchons à les diaboliser, en vue d’avoir une sainte justification pour nous débarrasser d’eux», a déploré le pontife.
Le successeur de Pierre a souligné l’importance de savoir que Dieu continue d’aimer même celui le rejette, voyant là une source illimitée de confiance et un encouragement pour la mission.
«Celui qui est à côté de nous non seulement possède le statut d’inconnu ou d’immigré ou de réfugié, mais devient une menace, acquiert le statut d’ennemi», a encore exprimé le pape avant de poursuivre: «ennemi parce qu’il vient d’un pays lointain ou parce qu’il a d’autres coutumes. Ennemi par la couleur de sa peau, par sa langue ou par sa condition sociale, ennemi parce qu’il pense différemment et aussi parce qu’il a une autre foi». Autant de différences qui finalement se révèlent être nos plus grandes richesses, a-t-il considéré.
Le pape a ensuite appelé les cardinaux, qui se sont levés les uns après les autres. Ensemble ils ont juré et promis de rester «dès maintenant et pour toujours», fidèle au Christ et à son Evangile, et à saint Pierre en la personne du pape François et de ses successeurs canoniquement élus.
Chacun leur tour, les cardinaux sont venus s’agenouiller face au pape qui leur a remis leur barrette couleur rouge vif, symbolisant le sang qu’ils sont prêts à verser pour l’Eglise et, comme l’a prononcé le pape à cet instant, «pour l’accroissement de la foi chrétienne, pour la paix et l’harmonie au sein du Peuple de Dieu, pour la liberté et l’extension de la Sainte Église catholique et romaine».
Le pape a remis dans le même temps à chaque prélat une diaconie ou un titre, c’est à dire une église romaine comme signe de leur appartenance à la mission pastorale papale.
Quatorze d’entre eux ont reçu le titre de cardinal-prêtre et trois de cardinal-diacre, ‘prêtre’ étant plus important que ‘diacre’. Ainsi, l’archevêque de Madrid (Espagne), le cardinal Carlos Osoro Sierra a reçu le titre de cardinal-prêtre de l’église Sainte-Marie de Trastevere. L’archevêque de Bangui (Centrafrique) a reçu le même titre et l’église Saint-André de la Vallée.
Les trois cardinaux-diacres, sont le cardinal Zenari, recevant l’église Sainte-Marie des Grâces, située tout près du Vatican ; le cardinal Kevin Joseph Farrell, recevant Saint-Julien des Martyrs, une modeste église se trouvant en périphérie nord de Rome et le cardinal Ernest Simoni qui a reçu, quant à lui, l’église Sainte-Marie de l’Escalier, construite au XVIe siècle dans le quartier romain du Trastevere.
Une fois la cérémonie achevée, le pape François, accompagné des 17 nouveaux cardinaux, s’est rendu au monastère Mater Ecclesiae pour rencontrer le pape émérite Benoît XVI. (cath.ch-apic/ imedia/mp)
Maurice Page
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