En 2014, un enfant sur vingt, en Suisse, était touché par la pauvreté et un sur six était à risque de pauvreté. Les enfants vivant dans un ménage sans personne active occupée ou dans un ménage monoparental sont particulièrement concernés. En outre, ils souffrent plus fréquemment de privations matérielles ou de conditions de logement défavorables. Ce sont là quelques-uns des résultats du nouveau rapport de l’OFS sur la pauvreté et les privations matérielles des enfants.
Les enfants vivant dans un ménage monoparental sont particulièrement désavantagés. Près d’un sur sept est pauvre, un sur quatre est à risque de pauvreté, et un sur deux souffre d’au moins une privation matérielle. 32,6% des enfants vivent dans un ménage qui n’est pas en mesure de remplacer son mobilier usé quand ce serait nécessaire, et 7,8% n’ont pas à la maison d’endroit approprié pour faire leurs devoirs. En outre, les enfants des ménages monoparentaux vivent souvent dans des logements avec des problèmes d’humidité (23,1%), dans des logements exposés au bruit du trafic ou des voisins (22,6%), ou dans un quartier exposé à la criminalité, à la violence ou au vandalisme (20,4%).
La situation professionnelle des adultes du ménage est un facteur déterminant de la prévention de la pauvreté des enfants. Dans les ménages qui ne comprennent aucune personne active occupée, près d’un enfant sur deux est à risque de pauvreté et un sur cinq vit dans la pauvreté. La situation matérielle et les conditions de logement de ces enfants sont souvent particulièrement désavantageuses. Environ 30% des enfants pauvres vivent dans un ménage sans personne active occupée. Les 70% restants – un peu plus de 51’000 enfants – vivent dans des ménages où le revenu n’est pas supérieur au seuil de pauvreté malgré un emploi rémunéré. Dans 80% des cas, ce sont des ménages qui vivent avec un seul revenu.
Lorsque l’on compare la situation des enfants en Suisse avec celle des autres pays européens, le tableau est plutôt positif: en Suisse, les enfants sont plutôt rarement exposés au risque de pauvreté et leurs conditions de logement sont relativement bonnes. Seuls les enfants des pays scandinaves et des Pays-Bas jouissent de conditions aussi bonnes, voire légèrement meilleures. Par ailleurs, l’influence de l’origine sociale (formation et nationalité des parents) sur le risque de pauvreté est plutôt faible en Suisse, comparé à beaucoup de pays d’Europe.
«Alors que la Suisse est l’un des pays les plus riches du monde, ces chiffres sont un scandale», commente Caritas Suisse sur son site. L’association caritative somme la Confédération d’agir «avec détermination contre la pauvreté des enfants».
Caritas reproche à la Confédération d’investir trop peu dans les familles: 1,5% du produit intérieur brut (PIB), contre 2,1% du PIB pour les pays de l’OCDE. L’organisme pointe également le prix des places de crèche trois fois plus cher en Suisse que dans les pays voisins, qui empêchent les familles monoparentales de concilier vie familiale et professionnelle. A ces statistiques défavorables, s’ajoutent «les budgets serrés des cantons qui entraînent actuellement un vaste démantèlement social».
«C’est tout le contraire d’une politique familiale durable», s’insurge l’association. Au lieu de traiter les symptômes de la politique financière en imposant des réductions de prestations, il faut désormais investir dans la prévention de la pauvreté des familles». Ce qui, selon Caritas implique notamment des salaires suffisants pour vivre, des mesures pour améliorer la compatibilité entre vie professionnelle et familiale, des offres faciles d’accès dans la promotion précoce et des prestations complémentaires pour les familles. (cath.ch/com/bh)
Bernard Hallet
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