Donald Trump élu grâce aux catholiques?

L’élection inattendue le 8 novembre 2016 de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a suscité d’innombrables commentaires très contrastés dans la presse américaine et mondiale. Le conservateur National Catholic Register et le progressiste National Catholic Reporter, apportent deux éclairages très différents à partir du même constat: L’Amérique est aujourd’hui profondément divisée.

Une insatisfaction sans précédent envers la classe politique américaine a soulevé une victoire totalement inattendue, mais l’appel réussi de Trump aux électeurs évangéliques et à beaucoup d’électeurs catholiques a été un autre facteur crucial, analyse Matthew Bunson pour le magazine conservateur National Catholic Register

Il y a un an et demi, lorsque Donald Trump a annoncé sa candidature il n’a suscité que moqueries, rappelle Matthew Bunson. L’hilarité s’est éteinte lorsque Trump a commencé à faire des meetings à travers le pays et à attirer les foules. Au cours des mois suivants, il a systématiquement détruit ses principaux rivaux avec une combinaison de sémantique brutale, et une habileté astucieuse face à des adversaires peu aptes à lutter contre un ennemi si peu orthodoxe.

Comme pour le Brexit, une classe dirigeante myope ‘a pas su sentir l’humeur et l’angoisse de beaucoup d’Américains. Donald Trump a été élu par un électorat déterminé à apporter un changement radical à un système qui les laissés de côté et ignorés, estime le commentateur. La victoire de Donald Trump a été à la fois un rejet d’Hillary Clinton et une réalisation personnelle pour le milliardaire néophyte en politique. Il a réussi à survivre à des scandales qui auraient paralysé tout autre candidat et à son propre manque de discipline.

Une majorité des votes catholiques

Les sondages de sortie des urnes ont montré que Trump a pu avoir le plus grand vote évangélique de l’histoire et aussi une majorité du vote catholique. Dans la campagne pour la primaire, Trump a rarement parlé de foi aux électeurs. Cela a changé ensuite quand il s’est adressé directement aux évangéliques dans son discours d’acceptation de nomination. Et puis il a commencé à tendre la main aux catholiques. Cet appel était le fruit de conseillers catholiques qui ont rejoint sa campagne, mais il a reflété aussi quelque chose de communément oublié par les médias laïques. Trump n’a pas seulement tendu sa main aux catholiques, il a fait un appel direct aux électeurs ‘Pro-Life’.

Dans le troisième débat avec Hillary Clinton, Trump a parlé avec une clarté brûlante des avortements tardifs. Il a présenté Hillary Clinton comme une véritable militante de l’avortement d’une manière que beaucoup d’Américains n’avaient pas réalisée. Les catholiques pro-vie ont-ils aidé à gagner les élections pour Donald Trump? S’ils ne peuvent pas en réclamer le crédit exclusif, ils ont certainement joué leur rôle dans cette élection, estime Matthew Bunson.

Prions pour notre président

Le commentateur invite à relire la fameuse lettre d’Trump aux catholiques. Il y promettait de défendre la vie, la liberté religieuse, des soins de santé abordable, la liberté de l’éducation, le soutien à la famille, des emplois pour tous. «Prions pour notre nouveau président et notre pays divisé. Et espérons que le nouveau commandant en chef embrasse la suggestion d’Alexis de Tocqueville dans de la démocratie en Amérique: «La liberté, écrivait-il, ne peut s’établir sans la morale, ni la morale sans la foi», conclut l’éditorialiste.

«Donald Trump, vous pouvez rétablir l’espoir»

Le ton est très différent dans le magazine progressiste National Ratholic Reporter. Le commentateur Alex Mikulich invite le nouveau président «à guérir les blessures d’une campagne de division dont vous assumez une lourde responsabilité. Bien que les blessures profondes de la pauvreté, du racisme, du chômage et du sous-emploi, du sexisme et de la misogynie aient précédé votre candidature, votre campagne les a exacerbées.»

Reprenant le discours du pape François au Congrès des États-Unis l’année dernière, l’éditorialiste estime que cette présidence doit être celle de «l’espoir et la guérison, de la paix et de la justice». «Votre discours et vos politiques doivent communiquer un véritable respect pour la pleine dignité et l’égalité des femmes, des Afro-Américains, des Latinos, des musulmans, des personnes handicapées et des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres.»

Les catholiques ont aidé à vous choisir pour défendre la vie à naître, reconnaît Alex Mikulich. «Vous pouvez étendre votre engagement à la dignité humaine en adoptant une éthique politique cohérente de soins pour les plus vulnérables parmi nous, y compris les enfants, les immigrants et toutes les personnes marginalisées par l’oppression raciale et économique.»

Pour la justice environnementale

Le pape, les défenseurs de la justice environnementale et les scientifiques invitent aussi à la défense de la terre comme «notre maison commune» selon les termes de Laudato si. Le commentateur précise: «Le pape demande donc un effort courageux et responsable pour «rediriger nos pas» de la dépendance aux combustibles fossiles aux sources d’énergie renouvelables qui favorisent la pleine prospérité pour toutes les formes de vie.»

Réinvestir pour créer de l’emploi

Un autre appel d’Alex Mikulich est le réinvestissement massif pour créer de l’emploi et reconstruire l’infrastructure du pays. «La nation a grand besoin d’un «nouveau New Deal» encore plus ambitieux. Un avenir juste et équitable dépend de la réparation et de l’expansion des routes et des ponts, de la construction d’une infrastructure énergétique propre pour le XXIe siècle et de la connexion de tous les Américains à Internet.»

Refuser l’intégrisme

Les relations internationales sont également une préoccupation de l’éditorialiste. «Les défenseurs de la paix vous mettent au défi de prévenir et de désamorcer les conflits et de soutenir les institutions locales qui peuvent créer une paix durable et juste. Les défenseurs de la justice exigent que vous vous détourniez de toute forme d’intégrisme. Cela inclut une association simpliste de l’islam au terrorisme.» Malheureusement, les États-Unis semblent trop enclins à tomber dans un fondamentalisme de guerre et de technologie. Lorsque les États-Unis gardent le silence ou nient l’atrocité des conflits, «nous perdons la crédibilité morale contre les tyrans et les terroristes et fomentons de nouvelles sources de violence».

Le pape François se plaint de la façon dont les guerres créent une crise de réfugiés d’une ampleur qui n’a pas été observée depuis la Seconde Guerre mondiale. Les défenseurs des immigrés catholiques «vous invitent à diriger une nation qui accueille les musulmans et les immigrants de toutes les religions, y compris les réfugiés syriens, africains et latino-américains, conclut l’éditorialiste.  (cath.ch-apic/mp)

Maurice Page

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