Si la candidature des anglicans et des catholiques-chrétiens est validée par le Conseil d’Etat, elle sera soumise sous forme d’une loi de reconnaissance au vote du Grand conseil. Par cette reconnaissance, l’Etat accorde à la communauté en question le droit d’exercer l’aumônerie dans les établissements sanitaires et pénitentiaires, et entretient des contacts réguliers avec cette dernière, sans pour autant lui apporter de financement public.
Chacune des deux Eglises ne compte qu’une seule paroisse dans le canton. Les anglicans sont présents à Lausanne depuis le début du XIXe siècle. Après avoir célébré dans divers lieux de culte protestants, ils construisent leur propre église en 1877 dans le style néogothique anglais, au ‘Pré de Grancy’, qui deviendra l’avenue de l’Eglise anglaise. Cette communauté anglophone connue sous le nom de Christ Church est dirigée aujourd’hui par la révérende Adèle Kelham.
L’Eglise catholique-chrétienne est l’une des trois Eglises nationales de la Suisse. Elle s’est constituée à la suite de la protestation de catholiques libéraux contre le dogme de l’infaillibilité pontificale lors du concile Vatican I, en 1870. Sa naissance a été fortement liée aux disputes du «Kulturkampf» lors desquelles les pouvoirs politiques se sont fortement immiscés dans les affaires religieuse et ecclésiales. La paroisse de Lausanne rassemble, outre les Vaudois, les catholiques-chrétiens de Fribourg et du Valais. Après avoir quasiment disparu dans les années 1980, elle a connu une renaissance et compte aujourd’hui quelque 120 familles. Elle se réunit à l’église Sainte Marie du Servan, près de la gare.
L’Eglise catholique-chrétienne et l’Eglise anglicane de Lausanne ont tissé des liens toujours plus étroits, notamment en échangeant leurs pasteurs et en organisant des célébrations et des activités communes. Les deux communautés sont réunies dans la «Fédération des Eglises dans le canton de Vaud signataires de l’Accord de Bonn de 1931».
L’Eglise évangélique réformée (EERV) et l’Eglise catholique-romaine (FEDEC) sont les deux Eglises de droit public dans le canton de Vaud. Elles bénéficient à ce titre d’une contribution directe de l’Etat. La communauté israélite bénéficie d’une reconnaissance d’intérêt public, ce que souhaitent désormais obtenir les anglicans et les catholiques-chrétiens.
Cette modalité de reconnaissance des Eglises et communautés religieuses a été instaurée par la Constitution vaudoise de 2003. Les nombreuses Eglises évangéliques du canton de Vaud, les orthodoxes et l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM) travaillent elles aussi sur une telle démarche. Mais aucune autre demande officielle n’a encore été déposée.
Le Département des institutions et de la sécurité conduira la procédure d’analyse. Il pourra faire appel à une commission d’experts et au Centre intercantonal d’information sur les croyances. L’Etat examinera la reconnaissance non pas d’une religion, mais d’une communauté, organisée juridiquement et qui professe cette religion dans le canton. Le requérant devra s’engager à respecter le cadre légal, la transparence financière et la participation au dialogue œcuménique.
Il devra également attester d’une durée d’établissement en terres vaudoises de plus de 30 ans et compter un nombre suffisant de fidèles. Par cette reconnaissance, l’Etat accordera notamment à la communauté le droit d’exercer l’aumônerie dans les établissements sanitaires et les prisons. Mais il n’y a pas de financement public automatique, celui-ci étant lié à des missions spécifiques.
A noter encore que le parti nationaliste conservateur UDC prépare une initiative «contre les effets de la reconnaissance de communautés religieuses». En substance, elle vise à interdire l’octroi de toute dérogation ou tout privilège motivés par la croyance ou la pratique religieuse. En fait, elle vise surtout à empêcher la reconnaissance de la communauté musulmane dans le canton de Vaud. (cath.ch-apic/ag/mp)
Maurice Page
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