Dans la ville de Lund, la ›Cambridge suédoise’, située à l’extrême sud du pays, le pape François a prononcé devant 450 personnes une homélie centrée sur l’unité des chrétiens qui se trouve d’abord en Dieu. Et plus précisément, de manière imagée, dans les battements du «cœur du Christ» juste avant la croix, a-t-il affirmé, là où se trouvent son amour pour les hommes et son désir d’unité.
La séparation due à la Réforme a été une source «immense de souffrance et d’incompréhensions», a expliqué le pape lors de cette première historique, mais elle a également permis de prendre conscience que «sans Lui, nous ne pouvons rien faire»: phrase tirée de l’évangile selon saint Jean et répétée à quatre reprises dans son homélie.
Prenant la comparaison de la vigne et des sarments, le pape a ainsi affirmé que l’unité vient d’abord de notre union à Dieu. Il ne faut donc pas être «résignés à la division» , mais réparer un moment crucial de notre histoire, en surmontant les controverses et les malentendus. Pour cela, a ajouté le pontife, il s’agit de purifier le passé, en le regardant avec amour et honnêteté, pour reconnaître notre faute et demander pardon, car Dieu seul est juge.
Notre division, a ajouté le pape, a été historiquement perpétuée plus par des hommes de pouvoir que par la volonté du peuple fidèle. De fait, la Réforme a été imposée par la force en Suède, pour des raisons politiques, a écrit récemment le jésuite suédois Ulf Jonsson, auteur d’un entretien avec le pape dans la revue Civiltà Cattolica. La Réforme luthérienne assurait au roi Gustave Vasa le contrôle de l’Église, lui permettant de disposer de ses terres et ses revenus. Aujourd’hui encore, poursuit ce jésuite, l’Église luthérienne est gouvernée par un synode général, dont les membres sont élus par les partis politiques.
Dans son homélie à la cathédrale luthérienne de Lund, le pape François a également reconnu que la Réforme a contribué à mettre davantage au centre la Sainte Écriture dans la vie de l’Église, ainsi qu’une attitude de prière où c’est toujours Dieu qui prend l’initiative.
Au début de la célébration, le pape François a été accueilli par le révérend Martin Junge, secrétaire de la Fédération luthérienne mondiale, créée en 1947 à Lund, et qui regroupe 145 confessions protestantes. Dans son prêche, le révérend a parlé de la force centripète du baptême commun.
Le 27 octobre dernier, trois pasteurs suédois et un évêque émérite ont publié dans le quotidien AGEN une lettre ouverte au chef de l’Eglise catholique. Ils y affirment que le pape François «est porteur d’un charisme dont nous ne pouvons pas nous passer. L’évêque de Rome, par la puissance de l’élection du Seigneur, a une mission (…) qui correspond à la mission de Pierre dans le collège apostolique. Dans un monde globalisé et pluraliste, nous ne voyons aucun autre personnage qui puisse rassembler la chrétienté que le pape».
A la fin de la cérémonie, une déclaration commune a été signée. Elle affirme notamment que «beaucoup de membres de nos communautés aspirent à recevoir l’Eucharistie à une même table, comme expression concrète de la pleine unité». Catholiques et luthériens s’engagent à progresser dans cette direction. (cath.ch-apic/imedia/ap/mp)
Maurice Page
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