A Fribourg, la Corporation ecclésiastique confie la formation des bénévoles à Caritas

Face à la complexité de plus en plus grande des cas de détresse sociale dans le pays, la bonne volonté ne suffit plus. Une formation spécifique, aussi bien des bénévoles dans les paroisses et les associations d’entraide que des assistants sociaux ou des curateurs, est devenue indispensable.

La Corporation ecclésiastique catholique du canton de Fribourg l’a bien compris, qui a accordé en avril dernier à Caritas Fribourg une contribution exceptionnelle de 100’000 francs destinée au développement d’un programme de formation sur deux ans.

Ce coup de pouce financier sert à répondre à une demande croissante de formation de la part des acteurs du domaine social. Caritas Fribourg, une institution devenue un pôle de compétences reconnu tant par le canton que par l’Eglise, est de plus en plus sollicitée pour organiser des sessions de formation et d’échange d’expériences.

Caritas Fribourg, un des bras actifs de la solidarité dans le canton

Caritas Fribourg est toujours davantage le bras actif de la solidarité dans le canton, à la demande de l’évêque, confirme Mgr Rémy Berchier, vicaire épiscopal pour la partie francophone du canton de Fribourg. Ce dernier, en compagnie du Père de La Salette Josef Tschugmell, ancien curé de Bulle et doyen, auquel il avait succédé, a créé l’antenne de Caritas Gruyère dans les années 1990. C’est dire si la diaconie de l’Eglise lui tient à cœur: l’engagement pour les plus démunis et pour la justice sont d’ailleurs inscrits à l’article 2 du Statut ecclésiastique catholique du canton de Fribourg, insiste Mgr Berchier.

Entreprenant il y a deux ans déjà les premières visites dans les Unités pastorales (UP) du canton, avec les responsables de Caritas Fribourg et du Réseau Solidarités (RéSo), le service du vicariat épiscopal pour la diaconie, Mgr Berchier a découvert la richesse et la variété de leur engagement.

«Il n’y a pas de pauvres chez nous !»

Les acteurs et les champs d’intervention de la diaconie sont en effet multiples: de Caritas aux Conférences Saint-Vincent-de-Paul, en passant par l’Accueil Sainte-Elisabeth (ASE) ou Point d’Ancrage (espace d’accueil ouvert aux migrants), sans parler de l’accueil dans les communautés religieuses. De fait, les structures ou les associations qui viennent en aide aux plus démunis sont nombreuses en terre fribourgeoise.

Si une UP – «une seule !», a dit qu’il n’y avait pas besoin de nouvelle structure, car «il n’y a pas de pauvres chez nous…», les autres ont bien vu la nécessité de mettre en place un animateur pastoral en charge de la solidarité, relève le vicaire épiscopal.

Le RéSo, placé sous la responsabilité de Joël Bielmann, secondé par Florence Murphy, son adjointe, a justement pour but de coordonner le travail des animateurs chargés de la solidarité dans les UP.  «Cela bouge un peu partout dans le canton, et c’est là, dans la formation des bénévoles, que Caritas Fribourg a un rôle très important à jouer !»


Donner des outils aux bénévoles

Aujourd’hui, quasiment toutes les UP ont été visitées. Le travail de connaissance mutuelle s’intensifie et les liens se renforcent entre le RéSo et Caritas Fribourg. «Egalement entre protestants et catholiques», relève le vicaire épiscopal, pour qui le catalyseur de ce rapprochement a notamment été l’engagement auprès des requérants d’asile, comme par exemple, l’action «Don de Dieu, don de l’autre», où les Eglises catholique et réformée travaillent ensemble aux côtés de l’Etat de Fribourg. «Là aussi, la formation des bénévoles est cruciale!»

Le travail d’accueil et de soutien aux personnes démunies est une réalité qui touche l’ensemble des unités pastorales du canton. C’est un devoir auquel le pape François appelle sans cesse toutes les communautés chrétiennes. En vertu du mandat que l’Autorité diocésaine lui a confié, Caritas Fribourg a pour mission d’offrir aux unités pastorales et à d’autres organismes d’entraide l’expertise, le soutien et les conseils nécessaires à la  réalisation de leurs projets de solidarité et d’entraide.

«La bonne volonté ne suffit pas !»

«Nous offrons des compétences aux bénévoles de Caritas et des organismes d’entraide en milieu d’Eglise, afin qu’ils aient les bons réflexes et les bonnes attitudes. Nous proposons cet automne des formations aux Conférences Saint-Vincent de Paul comme nous le faisons déjà à l’Accueil Ste-Elisabeth». En charge de cette formation, Caroline Vannay et Paola Stanic ont été sollicitées par Xavier Maugère, président du Conseil central des Conférences Saint-Vincent de Paul du canton de Fribourg.

 

Le constat qui est formulé par les responsables des différentes structures bénévoles est le même: les situations sur le terrain deviennent de plus en plus complexes et les bénévoles se sentent parfois dépassés. «Certaines personnes retraitées qui travaillaient dans le domaine social ont de l’expérience et du recul face à ces situations. Toutes ne sont cependant pas outillées de la même manière pour y faire face. Ces personnes ont besoin d’être formées, d’acquérir des réflexes, de se poser les bonnes questions afin de savoir comment agir et surtout jusqu’où elles peuvent intervenir», soulignent-elles. «Il faut apprendre à avoir une distance critique, chercher à s’abstraire de l’affectivité pour juger des mesures à prendre… La bonne volonté ne suffit pas !»

La fonction des bénévoles exige davantage de compétences

Caroline Vannay, qui a une formation d’assistante sociale, et Paola Stanic, qui est juriste, travaillent souvent en tandem permettant aux deux formatrices d’avoir une approche complémentaire des problèmes. «On doit aller au-delà des chiffres, tenir compte de l’aspect social tout en ayant aussi une distance critique…»

Il y a aussi la nécessité de connaître le champ d’intervention des différentes institutions sociales fribourgeoises et de Caritas Fribourg afin de pouvoir réorienter correctement les personnes, mais également de pouvoir  trouver le soutien et l’expertise des professionnels. La question du relationnel et du positionnement des bénévoles dans une  situation d’aide représente également  une préoccupation majeure. «Il n’est pas toujours facile pour un bénévole de savoir comment et où poser des limites». (cath.ch-apic/be)

Voir: Caritas.mag «L’atout formation» N°14/Octobre 2016

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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