Encourager l’action concrète des chrétiens dans le monde. C’est ce que font depuis 20 ans les Rencontres Nicolas et Dorothée de Flüe. Nicolas Michel, membre de l’association qui chapeaute la manifestation qui se déroulera du 4 au 6 novembre 2016 à St-Maurice, rappelle l’importance du témoignage pour une communauté chrétienne actuellement tentée par le défaitisme.
L’édition 2016 des Rencontres Dorothée et Nicolas de Flüe marque les 20 ans de la manifestation, ainsi que les 600 ans de son patron. Quelle contribution la manifestation a-t-elle apportée à la foi chrétienne au cours de ces deux décennies?
Nous nous réjouissons déjà de l’évolution quantitative. Des quelques petites dizaines de personnes qui participaient à la rencontre en 1996, nous accueillons à présent chaque année des centaines de personnes. Nombreuses sont celles qui reviennent également à chaque édition. Pour nous, c’est un signe que cette offre était pertinente et qu’elle a porté ses fruits.
Mais bien sûr, les considérations «qualitatives» sont plus importantes. Les échos que nous avons nous enseignent que beaucoup de personnes ont été confirmées dans leur désir de cohérence entre leur vie spirituelle et leur activité dans le monde. Nous avions remarqué que souvent, les chrétiens se demandaient comment s’y prendre pour agir dans le sens de l’Evangile au sein de la société. Nous espérons que la «pédagogie du témoignage» développée par les rencontres a pu être fructueuse. Couplées à des enseignements concrets et nourries de témoignages ancrés dans la vie réelle, les rencontres ont sans nul doute aidé des personnes en questionnement à se dire «pourquoi pas moi?», «pourquoi je ne ferais pas comme toutes ces personnes qui s’efforcent d’agir de façon chrétienne dans tous ces domaines de la vie, que sont l’économie, la politique, le social, la culture, la recherche scientifique…?»
Comment ont débuté ces rencontres?
Quelques personnes se sont réunies autour du prêtre valaisan Nicolas Buttet. Elles avaient en commun le désir de répondre à cette soif de cohérence entre vie chrétienne et vie active. Nous avons réfléchi à la meilleure façon de vivre cela ensemble, de trouver le modèle le plus adapté à la société suisse. La première édition a eu lieu au Bouveret. En raison de l’accroissement du nombre de participants, nous avons dû ensuite trouver des structures plus adéquates à St-Maurice. Le profil de la manifestation n’a pas changé, nous l’avons juste quelque peu ajusté au fil du temps.
«En choisissant le couple de Nicolas et Dorothée, nous voulions symboliser ce désir de vivre la cohérence ensemble»
Au niveau de l’organisation, nous avons toujours gardé le choix d’une structure légère. Même si depuis quelques années nous sommes réunis au sein de l’Association culturelle Nicolas et Dorothée de Flüe, nous avons conservé une approche très simple, très informelle, et nous avons voulu garder l’esprit d’ouverture des débuts. Nous ne cherchons pas à inclure les participants au sein d’une association. La participation est libre et ouverte. Chacun reste engagé selon les modalités qui conviennent le mieux à sa vocation et à ses possibilités.
Pourquoi les figures de saint Nicolas de Flüe, mais aussi de sa femme Dorothée, patronnent-elles cette démarche?
Pour nous, Nicolas de Flüe incarnait la conjugaison d’une spiritualité élevée et d’un fort engagement dans la famille et dans la société. Même lorsqu’il est devenu ermite, il a continué à être en contact avec les responsables politiques, à agir pour le bien de la cité. C’est également quelqu’un qui a réuni, au-delà des différences. Autant de points qui nous semblaient essentiels dans notre démarche.
Nous avons ajouté Dorothée pour que les personnes mariées se sentent invitées à participer en tant que couples et parents. En choisissant le couple de Nicolas et Dorothée, nous voulions symboliser ce désir de vivre la cohérence ensemble.
Sur quels critères avez-vous invité les intervenants de cette année?
Les personnes que nous invitons sont actives dans des domaines très divers de la société. Nous voulons montrer que l’on peut agir en chrétien à tous les niveaux de la vie, même dans des secteurs où l’on penserait que c’est difficile.
«Nous voulons assumer nos responsabilités de laïcs en bonne entente avec les Eglises»
Avec des intervenants tels que Mgr Charles Morerod, Jean-François Mayer, président de l’institut Religioscope, ou le philosophe et théologien Bertrand Vergely, nous voulons tout d’abord susciter une réflexion sur le monde actuel. Avec des invités tels que Maggy Barankitse, qui travaille à la réinsertion des orphelins au Burundi, ou Regina Catrambone, qui a investi sa fortune pour sauver des migrants en mer, nous sommes plus dans l’aspect témoignage. Ces exemples concrets démontrent que, malgré des situations extrêmement difficiles, l’agir chrétien est toujours possible. Ces deux interventions sont une façon de contrer le défaitisme ambiant dans notre société. Il nous faut accepter que nous avons reçu de Dieu des dons, qui doivent être utilisés pour servir la dignité humaine et le bien commun, et nous rendre compte que cela est une source de bonheur.
Que souhaitez-vous pour cette édition, et pour le jubilé de saint Nicolas, en général?
Je souhaite que les participants aux Rencontres en sortent renforcées dans leur désir de cohérence entre vie active et vie chrétienne, selon leur propre vocation.
Je souhaite également continuer à illustrer le fait que nous voulions assumer nos responsabilités de laïcs en bonne entente avec les responsables des Eglises locales. C’est également l’une des vocations des Rencontres que de vivre une insertion optimale au sein de l’Eglise. En plus de la participation de Mgr Morerod, nous nous réjouissons du fait que des moments liturgiques et des célébrations eucharistiques seront présidés cette année par Mgr Jean Scarcella, Père Abbé de Saint-Maurice et Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion.
Les 600 ans de saint Nicolas de Flüe sont l’occasion de se souvenir de l’actualité de son message et de son oeuvre. Dans une période lointaine mais qui présente certaines analogies avec la nôtre, il a travaillé sans relâche au service de la paix, au dépassement des différences, à la vocation de l’homme au bonheur.
Rencontre Nicolas et Dorothée de Flüe 2016
L’édition 2016 marque le vingtième anniversaire des Rencontres et s’inscrit au programme du 600ème du Saint Patron de la Suisse, avec l’Oratorio «Nicolas de Flüe», d’Arthur Honneger, sous la direction de Pascal Crittin et le patronage du conseiller fédéral Alain Berset.
http://www.nicolasdeflue.org/upl_main/fichiers/accueil/Rencontre2016.pdf
La célébration de messes et liturgies respectivement présidées par Mgr Jean Scarcella, Abbé de Saint-Maurice, Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion et Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne-Genève-Fribourg, rythmeront l’événement.
L’organisation est portée par l’association culturelle Nicolas et Dorothée de Flüe, l’institut Philanthropos et la Fondation Ecophilos. Cath.ch est partenaire média de cette édition.
Nicolas Michel
Professeur ordinaire à la Faculté de droit de l’Université de Genève depuis 2008, et Professeur associé à l’Institut de hautes études internationales et du développement, il a été Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et Conseiller juridique des Nations-Unies de 2004 à 2008.
Il a également été Directeur du droit international public du Département fédéral des affaires étrangères entre 1998 et 2003, et jurisconsulte du même département de 1998 à 2004.
Le professeur Michel a en outre occupé le poste de professeur de droit international public et de droit européen à l’Université de Fribourg, de 1987 à 2004, et a dispensé des enseignements aux universités de Genève, Lausanne (Faculté de droit et École Polytechnique Fédérale), Lugano, Neuchâtel et Paris II (Institut des Hautes Études internationales). (cath.ch-apic/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/rencontres-nicolas-dorothee-de-flue-appel-aux-chretiens-a-agir-monde/