Dans un discours nourri de références aux sources de la Compagnie de Jésus, le pape François a repris les mots de ses prédécesseurs Jean Paul II et Benoît XVI pour affirmer aux jésuites: l’Eglise a besoin de vous, notamment pour aller là où les autres ordres religieux ne vont pas: aux périphéries.
S’appuyant sur la Formule de l’Institut (1539), qui contient les règles de vie fondamentales des jésuites, le pontife a demandé à ses interlocuteurs le ›magis’ de saint Ignace (1491-1556) – ›plus’ en latin. Pour le pape, cette aspiration produit le feu et la ferveur de l’action, qui secouent ceux qui somnolent et permettent de lutter contre la ›mondanité spirituelle’.
Le pape a ainsi appelé ses anciens condisciples à la ferveur de la mission, leur demandant de faire un pas en avant sur trois points : la joie, la Croix et l’Eglise, en ôtant les obstacles semés par l’ennemi.
La joie n’est pas un plus décoratif, a d’abord expliqué le pape François, mais un indice de la grâce qui émane de la prière. Il faut donc demander avec insistance la consolation de Dieu, a-t-il ajouté, car «une bonne nouvelle ne peut se donner avec une face triste».
Ce n’est pas non plus une joie passagère, a poursuivi le successeur de Pierre, comme la voudrait notre époque de consommation. Le jésuite est un serviteur de la joie de l’Evangile quand il travaille à la conversion du cœur et à la docilité à l’Esprit, dont le temps seul permet de discerner l’action.
Deuxième point de son exhortation, le pontife a demandé aux jésuites de se laisser émouvoir par le Christ, sur la Croix et présent en nos frères qui souffrent. Afin, a-t-il enchaîné, de vivre comme saint Ignace dépendant de la pure miséricorde de Dieu, force régénératrice pour nos blessures personnelles ou communautaires.
Enfin, troisième et dernier point évoqué par le Souverain pontife, «faire le bien de bon cœur, et sentir avec l’Eglise» (sentire cum ecclesia). Cela permet, a-t-il expliqué, de considérer nos péchés personnels et communautaires sans perdre la paix ni la joie. Ce qui revient aussi parfois à porter la croix et à expérimenter la pauvreté et l’humiliation.
Le pontife a donc incité les jésuites à s’incliner totalement du côté de notre Mère l’Eglise, à agir contre l’esprit anti-ecclésial. Non pour justifier une position, mais pour ouvrir un espace dans lequel l’Esprit pourra agir en son temps.On peut avoir de bonnes raisons de vouloir réformer l’Eglise, a encore ajouté le pape avec le jésuite Pierre Favre (1506-1546) – qu’il a lui-même canonisé – mais pas avec n’importe quelle méthode.
Jorge Maria Bergoglio a été provincial de la Compagnie de Jésus en Argentine de 1973 à 1980, avant d’être contesté et relégué à des postes subalternes. (cath.ch-apic/imedia/mp)
Maurice Page
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