«On peut être pape et mal informé«, peut-on lire sur le site Syndicat des Enseignants (SE- Unsa), affilié à l’Union Nationale des Syndicats Autonomes (Unsa), une organisation interprofessionnelle française implantée dans la fonction publique.
Pour cette organisation, «la théorie du genre n’existe pas». S’il existe des «gender studies» venues des Etats-Unis, «ce qui n’existe pas, c’est une ‘théorie’ au sens idéologique ou scientifique du terme. Il n’y a pas de programme secret ou caché visant à ‘manipuler’ les enfants».
Le Syndicat National des Instituteurs SNUipp-FSU, par la bouche de Francette Popineau, sa porte-parole et co-secrétaire générale, a également réfuté dans les médias, lundi 3 octobre 2016, le fait que l’on enseignerait en France la «théorie du genre», relevant que depuis 1989, c’est une éducation à l’égalité filles-garçons qui a été inscrite dans les programmes, dans le cadre de la lutte contre les stéréotypes et les discriminations.
Le pape avait laissé entendre que, dans les livres du collège, on enseignait la «théorie du genre», «c’est un endoctrinement pour changer les mentalités. C’est cela que j’appelle la colonisation idéologique».
De son côté, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, a déploré que le pape ait été «mal informé», expliquant qu’il n’y a pas de «théorie du genre» dans les manuels scolaires. Elle a suggéré sur les ondes de la radio France Inter que le pontife avait été «victime de la campagne de désinformation massive conduite par les intégristes».
Le «réseau Canopé«, placé sous la tutelle du Ministère de l’Education nationale, rappelle que la loi a confié à l’école la mission de favoriser l’égalité entre les filles et des garçons, d’œuvrer au respect mutuel entre les élèves et de favoriser la mixité et l’égalité entre les femmes et les hommes. Ces valeurs découlent de la Constitution et des textes internationaux ratifiés par la France telle que la Convention des Nations unies sur «l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes» du 18 décembre 1979.
Pour la ministre de l’éducation, on parle, dans les programmes français, de la nécessité de ne pas faire de hiérarchie entre les sexes, de lutter contre les violences faites aux femmes et contre le sexisme. Les mouvements conservateurs français «anti-théorie du genre» font par contre l’amalgame entre la politique de lutte contre les inégalités hommes-femmes voulues par le gouvernement et les «études sur le genre», les «gender studies» venant des milieux universitaires anglo-saxons.
Ces chercheurs, en mettant l’accent sur les inégalités entre les hommes et les femmes, et les rôles sociaux attribués à chacun des sexes, justifiés par l’existence d’une soi-disant «nature féminine» et «nature masculine», affirment que ces rôles sont de fait le résultat de constructions sociales.
Le Conseil pontifical pour la Famille avait publié en 2011 l’ouvrage «Gender, la controverse» (Editions Pierre Téqui), présenté par Mgr Tony Anatrella, prêtre du diocèse de Paris, spécialiste en psychiatrie sociale. Celui qui était alors consulteur au Conseil pontifical pour la famille et très sollicité pour des conférences et comme expert, est désormais mis en cause pour des abus sexuels qui auraient été commis au cours de thérapie pratiquées dans son cabinet parisien. (cath.ch-apic/com/be)
Jacques Berset
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