«Un an après notre dernière rencontre, nous devons constater avec une grande tristesse que, malgré les nombreux efforts prodigués dans divers domaines, la logique des armes et de l’oppression, les intérêts obscurs et la violence continuent de dévaster ces pays». Le pontife a commencé par dresser un constat particulièrement grave admettant que «jusqu’à maintenant, nous n’avons pas été en mesure de mettre fin à la souffrance extrême et à la violation continue des droits de l’homme».
Un point de vue que partage Mgr Antoine Audo, archevêque chaldéen d’Alep et président de Caritas en Syrie, interrogé par I.MEDIA. Le prélat a en effet considéré que le pape a «décrit la réalité» et que son discours n’a été ni «idéaliste» ni «hors-contexte». L’archevêque a déclaré lors des réunions de travail suivant le discours du pape, que celui-ci tenait une position juste, car selon lui, il fallait «dire la vérité pour trouver des solutions».
Le pape a ensuite déploré que les conséquences dramatiques de la crise soient déjà visibles au-delà des frontières de la région, prenant pour exemple la migration, qui en est, selon lui, la grave expression.
«La violence génère la violence et nous avons l’impression de nous trouver happer dans une spirale d’arrogance et d’inertie à laquelle il semble que nous ne puissions échapper, a reconnu le successeur de Pierre avant de s’interroger: Pourquoi l’homme, même au prix de dommages incalculables aux personnes, au patrimoine et à l’environnement, continue de poursuivre le mensonge, la vengeance et la violence ?». «Détruire pour détruire !», a-t-il lancé à la fin de la première partie de son discours.
«Nous avons tous été touché par la manière avec laquelle le Saint-Père ressentait profondément cette crise terrible», a confié à I.MEDIA Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de L’Œuvre d’Orient depuis 2010, quelques heures après le discours du pape. Le prélat français a par ailleurs affirmé que» rarement» il n’avait vu le Saint-Père «aussi accablé par ce spectacle de souffrance».
Citant Jean Paul II, le pape François a ensuite repris le thème de la miséricorde. «La limite imposée au mal, dont l’homme est l’architecte et la victime, est en définitive la Divine Miséricorde» (Mémoire et identité : conversations au passage entre deux millénaires, 2005). C’est bien la seule limite, a insisté le pape. Cependant, l’engagement des personnes présentes à travers leur ONG est un signe que le mal n’a pas le dernier mot, a-t-il précisé.
À plusieurs reprises, le pape François a profité de la présence de Staffan de Mistura, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Syrie, pour s’adresser aux pays membres de l’ONU. Le pape les a ainsi exhorté à travailler pour la sauvegarde et la médiation entre les différents gouvernements, afin qu’ils acceptent de mettre fin au conflit et qu’ils se mettent en premier lieu au service du bien-être des personnes sans défense.
Pour le directeur de Caritas Syrie, Mgr Audo, «le pape est très conscient ce de double jeu auquel s’adonnent certains pays», plus intéressés par les «questions économiques» que par le bien-être des plus fragiles.
Cette rencontre a eu lieu alors que de nombreux représentants d’ONG sont actuellement présents à Rome répondant à l’appel du Conseil Pontifical Cor Unum. Les nonces apostoliques de Syrie et d’Irak, Mgr Mario Zenari et Mgr Alberto Ortega, une quarantaine d’organisations caritatives catholiques, des représentants des Conférences épiscopales locales, ainsi que des congrégations religieuses au Moyen-Orient ont assisté à l’événement. (cath.ch-apic/imedia/ah/mp)
Maurice Page
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