Rétablissement de relations diplomatiques sino-vaticanes: perspectives lointaines

Les perspectives d’un rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Vatican semblent encore bien éloignées.

Les relations complexes entre la Chine et le Saint-Siège ont suscité ces derniers jours de nombreux commentaires, dont celui du Père Bruno Lepeu, des Missions Etrangères de Paris (MEP), ainsi que celui du vaticaniste italien Sandro Magister.

Ce dernier affirme, le 26 septembre 2016, que les négociations avec la Chine portent «uniquement» sur la nomination des évêques, et non sur le rétablissement de relations diplomatiques.

Lors d’une rencontre mi-septembre 2016 avec tous les nonces apostoliques rassemblés à Rome pendant les célébrations du jubilé de la Miséricorde, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, aurait donné de façon informelle quelques informations précieuses sur l’état des négociations avec la Chine. C’est ce que révèle le 26 septembre 2016, le journaliste Sandro Magister, spécialiste des questions religieuses pour l’Espresso, l’un principaux journaux italiens.

Négociations sur la nomination des évêques

Selon ce dernier, le cardinal aurait confirmé que les négociations en cours «portaient uniquement» sur la question de la nomination des évêques, et non sur le rétablissement des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, rompues depuis 1951. Une analyse confirmée par le Père Bruno Lepeu, responsable de la Chine aux Missions Etrangères de Paris (MEP), et chercheur au Centre d’Etudes du Saint-Esprit, dans le diocèse de Hongkong.

Ce dernier affirmait le 20 septembre dernier dans Eglises d’Asie (EdA), le réseau d’information des Missions étrangères de Paris (MEP), que «le rétablissement de relations diplomatiques entre la Chine et le Vatican» était encore «loin».

Eviter toute «infiltration venue de l’étranger»

«Si le Saint-Siège attend ce moment avec impatience, la Chine ne se montre pas pressée», souligne le missionnaire français. Notamment depuis l’élection de l’actuel président Xi Jinping, qui a promis de poursuivre l’œuvre de ›sinisation› des religions afin que le pays soit préservé de toute «infiltration venue de l’étranger».

Sandro Magister rapporte pour sa part que le ›numéro 2’ du Vatican estime «appréciable le fait que, pour la première fois depuis l’avènement du communisme en Chine, ce pays accepte que le Saint-Siège puisse jouer un rôle dans la nomination des évêques».

Vers un accord ?

Depuis que le communisme est en vigueur en Chine en effet, le gouvernement tente de nommer les évêques catholiques de façon unilatérale, sans l’approbation du pape. Au fil du temps, un fossé s’est ainsi créé entre les prélats chinois rattachés à l’Eglise dite ›officielle’ ou ‘patriotique’, et ceux appartenant à la communauté dite ‘clandestine’, c’est-à-dire non reconnue par les autorités.

Selon le journaliste italien, un «accord» serait susceptible d’être conclu et il attribuerait aux autorités de Pékin, via la Conférence épiscopale catholique de Chine (reconnue par le gouvernement), «le choix et la proposition de tous les nouveaux évêques», réservant à Rome «le droit d’opposer son veto aux candidats qui ne lui conviendraient pas».

Egalité de traitement des religions reconnues

Pour le Père Lepeu en revanche, l’idée même que cet état de fait s’améliore en faveur du Vatican semble difficile à envisager, dans la mesure où la politique religieuse de la Chine est la même pour l’ensemble des cinq religions reconnues par le gouvernement (bouddhisme, taoïsme, islam, catholicisme, protestantisme). Dès lors le gouvernement chinois «ne peut accorder à une religion des privilèges auxquelles les autres n’auraient pas droit», explique-t-il.

Seul levier dont dispose le Saint-Siège dans les négociations: offrir son pardon à huit évêques illégitimes et excommuniés par le Saint-Siège, dont le président de la Conférence épiscopale officielle, notamment parce que, selon Sandro Magister, «il est reproché à deux d’entre eux, d’avoir des enfants et des maîtresses». Ce pardon serait ainsi, pour le Père Lepeu, «un geste symbolique fort envers la Chine lors de cette année de la Miséricorde». (cath.ch-apic/imedia/ah/be)

 

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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