Président de la coordination de Saint-Augustin des chrétiens en Algérie et militant pour l’autonomie de la Kabylie, Slimane Bouhafs a été arrêté par les services de sécurité le 31 juillet dernier pour «atteinte à la religion musulmane». Converti au christianisme en 1999, Bouhafs a été placé en détention le 1er août à la prison de Bel Air, dans la wilaya de Sétif, au nord-est l’Algérie.
Le 7 août, le tribunal l’a condamné à une peine de cinq ans de prison et une amende de 100’000 dinars algériens (environ 900 dollars américains) pour outrage au prophète et dénigrement des principes et préceptes de l’islam, en vertu de l’article 144 bis 2 du Code pénal algérien. La justice lui reproche des publications faites sur Facebook. Sa peine a été réduite en appel à 3 ans fermes.
Même si la Constitution algérienne garantit – en principe – la liberté de culte, l’article 2 de ce texte fondamental stipule cependant que «l’islam est la religion de l’Etat». Les autorités judiciaires et les services de sécurité en font une interprétation abusive. La justice algérienne condamne systématiquement les personnes qui expriment leurs «désaccords» avec la religion musulmane, notent les voix critiques.
L’acte d’accusation indique qu’en mai 2016 la gendarmerie de Bousselam, près de Sétif, dans le cadre de sa surveillance de Facebook, est tombée sur la page de Slimane Bouhafs, sur laquelle «il avait partagé quatre versets Coran déformés, des photos offensantes pour le Prophète, ainsi que des articles dénigrant la religion islamique». Selon la justice, la «caricature présente le Prophète Mohammed en terroriste», et des écrits calomnient l’islam, en la qualifiant de «religion d’intolérance et de haine».
Dans une autre publication sur la même page Facebook, le 18 juin, Slimane Bouhafs a partagé une lettre ouverte adressée au Secrétaire général de l’ONU, dans laquelle il dénonce «l’islamisation de la société algérienne» et la répression d’Etat contre la minorité religieuse musulmane des Ahmadis et les chrétiens.
La brigade spécialisée dans la criminalité électronique du commandement de gendarmerie d’Alger a alors ouvert une enquête qui a abouti à l’interpellation et à l’arrestation de Slimane Bouhafs.
Son avocat, Salah Debbouz, a dénoncé son jugement, soulignant que son client a été jugé la première fois dans un procès sommaire, au cours d’une audience unique, tenue tard le soir. La Cour d’appel de Sétif, qui l’a rejugé le 30 août, n’a annoncé son verdict que le 6 septembre. (cath.ch-apic/com/ibc/be)
Jacques Berset
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