Les saris des Missionnaires de la Charité tissés par des lépreux

C’est avec une attention toute particulière que les employés de la Gandhiji Prem Nivas, dans une lointaine banlieue industrielle de Calcutta ont suivi, le 4 septembre 2016, la canonisation de Mère Teresa. Et pour cause: cette manufacture de tissus, fondée en 1979 par les Missionnaires de la Charité, est la seule à fabriquer les fameux saris blancs à liseré bleu qui habillent les religieuses de la congrégation.

Cette fabrique a la particularité d’être en même temps une léproserie. Les personnes qui y travaillent sont des lépreux à qui le travail donne à la fois un salaire et une fierté retrouvée. Le Hindustan Times, un des grands quotidiens indiens, a publié le 1er septembre un reportage sur le sujet traduit et repris par Eglises d’Asie.

Les saris emblématiques blancs bordé de bleu sont impossibles à trouver sur le marché quel que soit le prix que le client est disposé à mettre. Ils sont tissés et cousus par les pensionnaires d’une léproserie sise dans une ruelle de Titagarh, à 20 km de Calcutta.

Des lépreux heureux et fiers

Shefali Roy est l’une des patientes à la fois les plus anciennes et les plus âgées du Gandhiji Prem Nivas, un établissement dirigé par les Missionnaires de la Charité. Il y a quarante ans, diagnostiquée de la lèpre et forcée de quitter sa maison à Cooch Behar, elle avait trouvé refuge à Nivas avec sa fille, comme beaucoup d’autres lépreux avant et après elle.

«Vous ne pouvez pas imaginer comme nous étions heureux et fiers de voir Mère Teresa porter un sari que nous avions fabriqué nous-mêmes. La société nous a rejetés en marge à cause de notre maladie, mais les saris que nous fabriquons sont portés par des Missionnaires de la Charité partout dans le monde. Mère Teresa a porté le sien jusqu’à son dernier souffle. Et maintenant, toutes les sœurs le portent», explique-t-elle, assise dans une chambre dont les murs sont couverts de photos de la sainte et du pape François.

Un campement sous un arbre

Le Gandhiji Prem Nivas a été fondé en 1979 lorsque les Missionnaires de la Charité venaient à Titagarh pour soigner des lépreux dans un petit campement médical situé à l’abri d’un arbre. Ce petit campement s’est ensuite transformé en une cabane de fortune, capable d’accueillir quelques pensionnaires. Aujourd’hui, c’est un véritable établissement, dont la première pierre a été posée par le ministre-président du Bengale-Occidental de l’époque, Jyoti Basu.

Le travail commence tous les jours à 8 h du matin. Plus de 400 lépreux – hommes et femmes confondus – travaillent toute l’année pour produire environ 4’000 saris artisanaux. Ces saris sont ensuite envoyés au quartier général des Missionnaires de la Charité, à Calcutta, avant d’être distribués dans le reste du monde. Aujourd’hui, on compte plus de 5’500 missionnaires de la Charité, dans plus de 130 pays.

«Toutes les sœurs, y compris Sœur Marie Prema, l’actuelle supérieure générale de l’ordre, portent le sari fabriqué par les malades de notre léproserie pour la canonisation de Mère Teresa », explique Frère Marinus, le responsable de la maison  (cath.ch-apic/eda/mp)

Maurice Page

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