Dans la chambre de Mère Teresa au couvent de San Gregorio al Celio, à Rome

Bénédicte Lutaud, I.MEDIA

Mère Teresa de Calcutta (1910-1997) avait l’habitude, lors de ses déplacements à Rome, de séjourner au couvent de San Gregorio al Celio, face à la colline du Palatin, à deux pas des ruines antiques du Circo Massimo. A l’approche de sa canonisation le 4 septembre 2016, les pèlerins affluent dans sa chambre du couvent, devenu la Maison provinciale des Missionnaires de la charité.

La chambre exigüe et modeste, meublée d’un lit, d’un petit bureau et d’une commode, a été laissée telle quelle par les religieuses. I.MEDIA a pu se rendre sur place, à la rencontre de Sœur Serena, religieuse italienne ayant connu personnellement Mère Teresa, et des premiers pèlerins venus rendre hommage à la future sainte albanaise.

Après avoir traversé un jardin paisible, le pèlerin entre dans un petit patio tout en longueur, qui donne sur plusieurs cellules des religieuses Missionnaires de la Charité et une salle de prière très épurée: quelques chaises, et un autel surmonté d’un grand Christ en croix. Dans une arrière-cour baignée de soleil, des draps sèchent sur les fils à linge. Les murs accueillent quelques photos ou croquis à l’effigie de Mère Teresa.

Un lit d’enfant

«La Mère adorait venir ici, cela lui plaisait beaucoup, parce que c’était très simple, raconte Sœur Serena, religieuse italienne Missionnaire de la charité qui l’a connue personnellement. La chambre est restée exactement telle qu’elle était auparavant.» Sur un lit, pas plus grand que celui d’un enfant, se trouve encore le matelas sur laquelle la religieuse albanaise reposait son dos fatigué. Au chevet du lit, un reliquaire en forme de crucifix, contenant des cheveux de la future sainte, est posé sur la table en bois, qui lui servait de bureau. Dans un coin, se dresse la commode où elle rangeait ses affaires.

Dans une armoire vitrée, son assiette et ses couverts, ses livres de prière et quelques vêtements ont été exposés. Plusieurs manuscrits croulent sur une étagère, portant l’inscription «Constitution». Il s’agit de la Constitution originale de la Congrégation des Missionnaires de la charité, rédigée à la main par «Ma» (surnom que lui donnaient les enfants, en Inde) Teresa, avant de les présenter au Vatican pour approbation. Les Sœurs ont aussi ajouté, au mur, un calendrier arrêté en 1997, avec une photographie de sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897), dont Mère Teresa était une grande admiratrice. La sainte normande lui avait inspiré son nom de religieuse. Un minuscule tabouret se cache sous l’armoire: c’est celui qu’elle utilisait, à la fin de sa vie, pour se «reposer» lors de ses longues heures d’adoration dans la chapelle du couvent, elle qui avait l’habitude de s’agenouiller à même le sol pour prier.

La conversion d’une américaine

La sonnette du couvent retentit. Une religieuse en sari blanc aux trois rayures bleues ouvre la porte et accueille une femme qui s’exprime en anglais. Michelle, 52 ans, est venue de Californie pour se recueillir dans la chambre de Mère Teresa. La sainte albanaise est à l’origine de sa conversion à la foi catholique, survenue il y a six ans : «J’ai eu l’opportunité de travailler auprès des Missionnaires de la Charité à Lima, au Pérou. Quand je suis entrée dans une maison de pauvres et que j’ai vu les Sœurs s’en occuper, leur présence, leur dévouement, m’ont marquée». «Je m’intéressais depuis longtemps à la figure de Mère Teresa, poursuit l’Américaine. La façon dont elle aimait chaque personne sans sans aucun jugement, de voir sa beauté comme enfant de Dieu, m’a beaucoup frappée». Michelle entre dans la chambre et s’exclame : «C’est si minuscule ! C’est encore un exemple de son humilité, sa façon de vivre une vie de la manière la plus simple possible.» Michelle laisse alors la place à un jeune homme d’une trentaine d’année, habillé en tenue de sport. Il se recueille en silence devant les reliques. Plusieurs autres pèlerins atttendent leur tour.

La «sainteté pour tous»

Sœur Serena a connu la lauréate du Prix Nobel de la paix entre 1986 et 1990, tandis qu’elle-même était en mission à la Maison provinciale des Missionnaires de la charité de Rome. Mère Teresa s’y rendait alors régulièrement. «Je me rappelle surtout de la joie qu’elle portait toujours avec elle. Quand elle arrivait dans une maison, où que ce soit dans le monde, c’était toujours une fête. Non pas une fête bruyante, mais une joie et une paix qui était à l’intérieur d’elle et qu’elle transmettait», se souvient-elle.

«Même si on a su ensuite la Nuit (de doutes, ndlr) qu’elle a traversé, elle montrait toujours cette sérénité et cette joie». En héritage, Mère Teresa a laissé à Soeur Serena un enseignement pratique de la sainteté: «faire des petites choses, mais avec beaucoup d’amour, comme nettoyer une pièce, préparer à manger. Quoique-tu fasse, fais-le avec beaucoup d’amour ! C’est la sainteté pour tous.»

La canonisation de Mère Teresa n’est «pas seulement une reconnaissance de sa sainteté, mais aussi une reconnaissance de la validité de notre charisme, encore à notre époque, commente la religieuse italienne âgée. Pour nous, c’est un encouragement à comprendre mieux ce charisme, le vivre plus encore et le présenter aux autres». «Le miracle qui a permis la canonisation est survenu il y a quelques années, en 2008. Mais il semble que la Providence a voulu attendre les travaux des médecins de la commission d’examen de sa cause, pour relier Mère Teresa à cette année sainte de la miséricorde !», s’enthousiasme-t-elle avant de rappeler : «Mère Teresa a mis en pratique les 14 œuvres de miséricorde corporelles et spirituelle s pendant sa vie». (cath.ch-apic/imedia/bl/mp)

Maurice Page

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