Des messes dans plusieurs diocèses ont été consacrées ce dimanche aux victimes. Ainsi don Giovanni d’Ercole, évêque d’Ascoli Piceno célèbre la messe dominicale dans le village de tentes qui abrite les sinistrés à Pescara del Tronto, dans les Marches.
Mgr Domenico Pompili, archevêque de Rieti, dans le Latium, préside la messe dans la cathédrale, à la veille de la cérémonie pour toutes les victimes du séisme qui a frappé la région d’Accumoli et d’Amatrice. La veille, Mgr Renato Boccardo, archevêque de Spolète-Nursie (Spoleto-Norcia) avait également célébré la messe dans le village de tentes à San Pellegrino di Norcia.
A Venise, le diocèse va remettre le prix des entrées à la basilique St-Marc du dimanche 28 août pour l’aide aux sinistrés, tandis que la Consultation nationale anti-usure «Jean Paul II», dont Mgr Alberto D’Urso, archevêque de Bari, est le secrétaire national, étudie la mise en œuvre d’une forme de «prêt de solidarité pour les familles touchées». Cette Consultation regroupe en Italie 28 fondations à but non lucratif s’inspirant des principes de solidarité chrétienne et mène dans les diocèses italiens une activité sociale et pastorale liée aux problèmes d’endettement. Le but de cette action de la Consultation, relève Mgr D’Urso, est d’éviter que les sinistrés qui ont tout perdu ne recourent à des usuriers, n’ayant plus les garanties exigées par les institutions bancaires.
Les premières obsèques des victimes ont eu lieu samedi matin 27 août dans une salle polyvalente à Ascoli Piceno, en présence des plus hautes autorités de l’Etat italien. Un deuil national a été décrété samedi. Tous les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics. Le dernier deuil national en Italie remontait au naufrage de Lampedusa en octobre 2013, qui avait coûté la vie à 366 migrants, rapporte Radio Vatican.
Les obsèques nationales de samedi 27 août concernaient 35 victimes d’Arquata del Tronto, dans les Marches. Elles ont été présidées par Mgr Giovanni d’Ercole, évêque d’Ascoli Picena, lui-même très ému lorsqu’il a étreint les proches des victimes. Le président de la République, Sergio Mattarella, et le président du Conseil, Matteo Renzi, ont assisté à la cérémonie, aux côtés des élus locaux.
Pendant ce temps, le travail des équipes de secours dans les zones du Centre de l’Italie frappées par le séisme se poursuit. En 48 heures, 238 personnes ont été extraites vivantes des ruines, mais après trois jours, l’espoir de retrouver des survivants est désormais quasi nul. Le bilan toujours provisoire est très lourd: la Protection civile dénombrait samedi au moins 291 morts et près de 400 blessés.
Les décès se concentrent sur trois communes. La plus durement touchée est Amatrice, avec plus de 200 morts. Suivent Arquata, avec une cinquantaine de victimes, et Accumoli, qui en compte 11. Les services de secours agissent dans des conditions difficiles, en raison de la fragilité des édifices. Ce vendredi matin, à 6h28, une nouvelle secousse de 4,8 sur l’échelle de Richter a fait s’écrouler certains murs à Amatrice, heureusement sans faire de blessés parmi les pompiers et secouristes.
Environ 2’500 personnes ont perdu leur logement. Certaines sont actuellement hébergées dans des tentes, d’autres ont pu être accueillies par des proches dont les maisons ont résisté au séisme.
Le parquet de Rieti a ouvert une enquête sur d’éventuelles responsabilités dans l’effondrement de certains bâtiments. L’école d’Amatrice et le campanile d’Accumoli se sont effondrés alors que des travaux récents y avaient été effectués. Inversement, aucun bâtiment ne s’est effondré à Norcia (Nursie), ville pourtant toute proche de l’épicentre. Le patrimoine culturel a été particulièrement frappé: les dégâts concerneraient 293 biens culturels.
On craint maintenant des pillages: un premier cambrioleur, originaire de Naples, a été arrêté jeudi alors qu’il tentait de s’introduire dans une maison, déplore la «radio du pape». Le président de la région Latium, Nicola Zingaretti, a appelé au don du sang et à des dons en argent, plus qu’en biens de première nécessité. Cinquante millions d’euros ont été libérés par le Conseil des ministres, qui a décrété l’état d’urgence, et le gel des taxes dans les zones frappées par le séisme.
En visite sur les lieux du séisme, le président de la République Sergio Mattarella a été invité par les habitants à être «le président de la reconstruction record». Après le séisme de L’Aquila en 2009, l’Etat italien avait été critiqué pour ses inerties dans la reconstruction, une blessure accrue par les provocations du chef du gouvernement de l’époque, Silvio Berlusconi, qui semblait amusé de voir la population locale «faire du camping».
Vendredi, le patriarche œcuménique de Constantinople a exprimé ses condoléances et sa proximité au peuple italien éprouvé par le séisme dans une lettre envoyé à l’ambassadeur italien à Ankara. «Ce sont des temps difficiles pour votre peuple et votre pays, je voudrais que vous sachiez que vous avez notre soutien, et que nous partageons votre peine».
Le catholicos Ilia II, patriarche orthodoxe de Géorgie, a également adressé un message de condoléance au pape François, qui se rendra dans le pays fin septembre. Le jour même du séisme, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie avait exprimé ses condoléances au président du Conseil des ministres Matteo Renzi.
Six jeunes volontaires de l'»Islamic Relief Italia» (Iri) venus du Maroc, d’Egypte et d’Italie, appartenant à une organisation humanitaire internationale d’inspiration musulmane, travaillent depuis mercredi à Amatrice pour soulager la population frappée par le séisme, annonce SIR, le service d’information religieuse de la Conférence épiscopale italienne.
Ils ont offert leurs services à la Protection civile italienne et travaillent actuellement, en collaboration avec l’Ordre de Malte, à la logistique mise en place sur le champ de sports où sont rassemblés les biens qui arrivent. L’Islamic Relief Italia était déjà intervenu lors de tremblements de terre dans les Abruzzes et en Emilie et a lancé des appels aux dons, en contact avec l’Islamic Relief International. (cath.ch-apic/sir/radvat/be)
Jacques Berset
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