L’intervention policière faisait suite à des allégations de mauvais traitements, voire de torture, et de privation de liberté au sein du monastère cloîtré. Selon des médias locaux l’enquête sur les situations d’excès dure depuis deux ans sur la base de témoignages d’anciennes religieuses et de leurs familles, ainsi que de médecins. Le couvent aurait institué un système de punitions permanentes avec des fouets et les religieuses seraient contraintes de porter des cilices avec des pointes en fer pour générer la mortification. Les médecins auraient également eu des cas de femmes présentant des symptômes de malnutrition et de dépression. Les règles imposeraient un strict de silence sur la situation qui prévaut dans le couvent. Dix-huit religieuses y vivent dont la plupart y sont entrées très jeunes vers l’âge de 18 ans.
Selon le procureur, l’opération de force a été nécessaire à cause de l’opposition de la mère supérieure et la perquisition de la police a effectivement permis de retrouver des cilices et des martinets.
«Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problèmes dans ce monastère», a relevé l’archevêque de Parana, lors d’une conférence de presse, tout en dénonçant le caractère disproportionné de l’intervention policière qui a mobilisé une cinquantaine d’hommes des forces spéciales. Il a rappelé que ces femmes étaient toutes majeures et qu’elles avaient choisi de mener une vie austère. Le Carmel est l’un des ordres les plus exigeants, dans la prière, le don de soi, le détachement du monde et une vie de sacrifice. Selon lui, les moniales n’ont violé aucune loi. Le prélat a nié également que la supérieure ait refusé d’ouvrir aux forces de l’ordre qui ne lui auraient laissé qu’une minute pour avertir l’évêque, avant de donner l’assaut en brisant les portes à coup de crosse de fusil. Un tel déploiement de forces était-il vraiment nécessaire ? Le prélat a déploré également le caractère anonyme des dénonciations sans possibilités de confrontation avec leurs auteurs.
Pour l’archevêque de Parana, la disproportion de l’intervention policière met à mal le Concordat entre le Saint-Siège et de l’Argentine qui prévoit que l’Eglise est la seule compétente pour règler ses affaires internes selon le droit canonique. S’il y a crime, la justice doit agir de toute évidence agir, mais en cas des problèmes dans une institution religieuse, l’Église doit en répondre en premier lieu en concertation avec les autorités civiles.
En outre, comme le monastère du Carmel dépend directement du Saint Siège, la procédure aurait dû être différente et le nonce apostolique aurait dû en être informé. Mgr Puiggari n’a pas voulu parler d’incident diplomatique mais a exprimé la préoccupation de la Conférence des évêques argentine et de la nonciature apostolique face à cette situation. (cath.ch-apic/aica/mp)
Maurice Page
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