En Afrique, le ministre allemand du développement lutte contre le radicalisme religieux

Gerd Müller, ministre allemand de la coopération et du développement, sensibilise les Etats africains au danger du radicalisme religieux, dans le cadre d’un voyage en Afrique au centre duquel se trouve la lutte contre ce phénomène.

Selon le site internet de la Deutsche Welle, le séjour du ministre allemand le conduit successivement au Sénégal, au Niger, en Afrique de l’Ouest, et au Rwanda, dans la région des Grands lacs, en Afrique orientale.

Selon la DW, Gerd Müller arrive avec un message concernant les jeunes africains. Sans emplois, ils sont exposés à des risques divers, y compris le radicalisme religieux. Les spécialistes évoquent des raisons «structurelles et conjoncturelles».

Le Sénégal a été la première étape du voyage du ministre allemand. Certains analystes, cités par la DW, estiment que les conditions de la radicalisation existent dans ce pays d’environ de 14 millions d’habitants, où l’islam est la religion dominante.

Pour lutter contre l’oisiveté des jeunes qui peut conduire à leur endoctrinement par les groupes radicaux musulmans, l’Etat accompagne les jeunes vers la création d’emplois. Il a initié une politique d’insertion des jeunes, à travers des projets de développement et l’auto-emploi. Il est conscient que le Sénégal à l’instar de ses pays voisins, tel que le Mali, n’est pas à l’abri de la radicalisation islamiste.

Islam soufi modéré

Depuis l’introduction de l’islam dans le pays, entre les 12e et 13e siècles, le Sénégal pratique un islam soufi modéré, tolérant et ouvert. Ceci, grâce aux confréries musulmanes dont les plus puissantes sont les Tidjane (plus nombreux), les Mourides, plus puissante sur le plan économique et financier, et les Khadr. Mais ces confréries subissent les attaques des deux courants fondamentalistes religieux les plus agressifs: les saadistes, groupes radicaux, et les wahhabites, sunnites, proche de l’Arabie Saoudite. Tous les deux groupes considèrent que l’islam confrérique pratiqué au Sénégal est «impur». En revanche, les soufis, majoritaires au Sénégal, voient en ces groupes religieux, «des aliénés spirituels».

Certains musulmans sénégalais pensent aussi que «la stigmatisation de l’islam» peut être la source de la radicalisation. Cette thèse est confortée par le professeur Moustapha Tamba, enseignant-chercheur en sociologie, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Pour lui, «la solution est d’abord sociale».

Pour Bacary Samb, directeur du Timbuktu-Institute, et enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, au nord, «les causes du radicalisme religieux sont aussi structurelles que conjoncturelles». Il a proposé la «voie de l’éducation» pour y faire face.

Pour sa part, Doulo Sow, professeur de langue arabe à la Faculté des lettres de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a préconisé «une solution diplomatique» au phénomène du radicalisme religieux. (cath.ch-apic/ic/pp)

Pierre Pistoletti

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