«Pokémon Go attire des gens dans les églises. Génial! Quelle excellente opportunité de partager l’amour et la miséricorde du Christ», tweetait Mgr David Ricken, évêque du diocèse de Green Bay dans le Wisconsin. Un enthousiasme que partage l’Eglise d’Angleterre pour qui Pokémon Go était une excellente occasion d’attirer les non-pratiquants à l’église, relève le site d’information anglais catholicherald.co.uk. Constatant que de plus en plus de jeunes gravitaient avec leur téléphone portable autour des lieux de culte à la recherche de petites bestioles virtuelles, elle s’est empressée de transmettre à ses paroissiens un livret pour leur expliquer en quoi consiste ce jeu et comment s’en servir pour évangéliser. Une démarche un peu trop hâtive, peut-être, tant les déconvenues sont nombreuses.
Les exemples ne manquent pas. Le 5 août dernier, un enterrement à l’église catholique de Brisbane en Australie a été interrompu par deux adolescents. «Ils brandissaient leur téléphone pour attraper des Pokémons», se désolait la veuve du défunt sur la chaîne américaine ABC.
Autre exemple récent: les Sœurs de Saint-François d’Assise de Milwaukee, au nord de Chicago, ont tenté de décourager les chasseurs. Elles ont remis dans les pinces d’un crabe Pokémon une petite pancarte sur laquelle elles ont écrit: «Il n’est pas approprié de jouer à PokémonGo, ou à tout autre jeu, dans ou près du couvent (…). C’est une propriété privée, une résidence et un lieu sacré». Elles ont ensuite envoyé le crustacé transmettre l’info sur Facebook.
Toujours dans le même registre, catholicherald.co.uk rapporte l’histoire de Stephen Morgan, un diacre anglican du diocèse de Portsmouth, sur la côte sud de l’Angleterre. Son presbytère était relativement calme, jusqu’à ce qu’il devienne un PokéStop fourmillant de bestioles virtuelles.
«Quand j’essaie de me détendre dans mon jardin le dimanche après-midi et qu’une demi-douzaine de personnes décident de me rejoindre pour chasser des Pokémons… C’est assez intrusif», soupire-t-il. Et lorsque l’homme d’Eglise fait remarquer aux chasseurs téméraires que c’est une propriété privée, il s’entend rétorquer: «Non, c’est une église!»
En théorie, le problème devrait se résoudre assez simplement. Il suffit de remplir un formulaire pour aviser Niantic, l’entreprise éditrice de jeu vidéo, que l’on ne souhaite pas être répertorié. Mais pour Stephen Morgan c’est un non-sens. «Nous avons 158 églises dans le diocèse de Portsmouth, sans compter les couvents. L’idée que chacun doive les aviser est une aberration. Pourquoi diable ne nous ont-ils pas demandé notre avis?», fulmine-t-il.
Le problème: Niantic fait parfois la sourde oreille. La cathédrale de Cologne, envahie de «Pokéhunters» – entendez «chasseurs de Pokémons» – a bien rempli ce formulaire. Mais sans réponse de Niantic et toujours aussi attractive pour des milliers d’adolescents, elle a fini par porter plainte contre l’entreprise de jeux vidéo.
Le 2 août dernier, un mois après son lancement, le jeu atteignait les 100 millions d’utilisateurs. Si l’engouement autour de ce phénomène ne semble pas s’être estompé, les velléités d’en faire un lieu d’évangélisation, elles, en ont pris un coup. (cath.ch-apic/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/pokederapage-espoirs-decus-evangelisateurs/