Après l’attentat de Nice au soir du 14 juillet et suite à l’assassinat du Père Jacques Hamel, par deux djihadistes alors qu’il célébrait la messe le 26 juillet, les autorités ont mis en place un dispositif de sécurité renforcé autour du sanctuaire marial. Fouille systématique des sacs, ouverture de trois accès seulement au lieu d’une douzaine habituellement, des renforts pour la police municipale et les services de sécurité internes aux sanctuaires, mais aussi la mobilisation ce mois-ci d’environ 250 CRS et d’une trentaine de militaires: le dispositif mis en place à Lourdes montre que la menace terroriste est prise au sérieux. Les célébrations commencent le 12 août, avec une procession dont le parcours a été modifié pour des raisons de sécurité.
L’atmosphère anxiogène à l’approche de ce rassemblement ne semble toutefois pas décourager les pèlerins. Ces derniers jours, le Père assomptionniste Fabien Lejeusne, directeur du pèlerinage national, n’a pas enregistré de désistements. Au contraire, il a reçu des inscriptions de dernière minute. L’office du tourisme et les hôteliers ont reçu quelques rares annulations. De nombreux catholiques ont besoin de confier à Marie leurs intentions, dans ces temps de troubles. La messe du 15 août, dans la prairie, sera l’occasion de participer à la prière pour la France, souhaitée par la conférence épiscopale.
Contrairement à certaines rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux, il n’a jamais été question d’annuler ce pèlerinage. Interrogé sur France-Info, l’évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Nicolas Brouwet, s’est au contraire réjoui de la bonne coopération entre l’Église et les autorités civiles pour que ce pèlerinage se passe dans de bonnes conditions. La maire de Lourdes, Josette Bourdeu, souhaite également un renforcement des mesures de sécurité sur le long terme, une gageure pour une commune de 15’000 habitants qui reçoit entre cinq et six millions de visiteurs de mai à octobre. Des mesures qu’elle ne prend »pas de gaieté de cœur», mais c’est à ce prix que Lourdes restera Lourdes, affirme l’élue.
À l’issue d’un Conseil restreint de sécurité et de défense, qui s’est tenu ce jeudi matin à l’Élysée, sous la conduite du président de la République, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué qu’il se rendrait personnellement à Lourdes dans la matinée du samedi 13 août pour »inspecter le dispositif de sécurité».
D’autres pèlerinages nécessitent des aménagements: c’est le cas du pèlerinage du Saint-Cordon à Valenciennes, qui commémore la protection de la ville nordiste d’une épidémie de peste en 1208. Pour la 1008e édition de ce rassemblement resté très populaire depuis le Moyen-Âge, les 10 et 11 septembre prochains, le parcours de la procession a été révisé. Il sera demandé aux participants d’éviter «au maximum la constitution de foules trop risquées». Mais l’abbé Jean-Marie Launay, curé-doyen de Valenciennes, tient à garder le sens de l’espérance: »Devant les défis posés par le terrorisme, écrit-il dans un communiqué, nous sommes sûrs que les catholiques du valenciennois et du diocèse seront encore plus nombreux cette année pour marcher et accompagner Notre Dame du Saint-Cordon dans sa prière pour la paix dans le monde et pour la conversion des ennemis de la paix.»
Au total, en France, une quinzaine de rassemblements ont été annulés cet été pour des raisons de sécurité. Notamment la braderie de Lille, début septembre, et le pèlerinage des motards de Porcaro, organisé chaque 15 août dans ce village de Morbihan qui voit habituellement défiler, chaque année, plus de 15’000 motards venus se placer sous la protection de Marie. (cath.ch-apic/rv/ag/bh)
Bernard Hallet
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