«Quand l’orgue joue, les gens rentrent naturellement dans l’église». C’est une «grande joie» pour Michèle Vongerichten. C’est aussi une des raisons qui ont incité cette amoureuse du village de Finhaut en Valais de mettre sur pied le festival Orgues, Musiques et Cimes qui égaie depuis six ans les églises de la Vallée du Trient.
«Tout a commencé en 2009, lorsque j’ai découvert l’orgue de l’église de Finhaut, explique cette Française d’origine établie en Valais. Sa facture et l’esthétique de son buffet m’ont saisie». La jeune retraitée décide d’y organiser un concert. Elle invite une organiste de Lyon, Betty Maisonnat, en août 2009. Un succès.
«C’est un concours de personnes qui vont faire ensuite avancer les choses, détaille Michèle Vongerichten. Dès l’année suivante, nous avons mis sur pied une semaine de formation et de concerts». Le festival naît donc en 2010. Il propose un stage d’interprétation pour organistes et d’initiation pour pianistes. Son but: valoriser les églises de la vallée du Trient.
Jusqu’au 20 août prochain, les stages se déroulent dans les églises de la Vallée, de Vernayaz à Finhaut. En parallèle, six concerts sont proposés au public. «Le petit train du Mont-Blanc Express devient le trait d’union qui relie les églises de la Vallée du Trient, se réjouit Michèle Vongerichten. Les stagiaires peuvent l’emprunter gratuitement pour accéder aux lieux de culte qui jalonnent cette ligne pittoresque».
«Nos églises vibrent et le temps s’arrête»
L’ambition du festival Orgues, Musiques et Cimes est claire. Il tient en un verbe: partager. «Nous ne souhaitons pas organiser quelque chose d’énorme. L’association qui porte le projet souhaite se faire plaisir en partageant son amour de la musique». Avec les festivaliers, d’une part, mais aussi avec les chorales de la Vallée. Elles seront accompagnées par les stagiaires lors d’une messe conclusive, dimanche 14 août à Finhaut.
Le chanoine Jean-Pierre Liaudat, curé de Finhaut depuis 2002, envisage ces rencontres comme un pont entre la foi et la culture. «Des gens viennent de partout pour assister à ces concerts. Certains sont pratiquants, d’autres pas. Mais tous se retrouvent à l’église pour s’émerveiller». «La musique nous conduit vers une forme de transcendance, enchaîne Michèle Vongerichten. Nos églises vibrent et le temps s’arrête». Une réalité qu’évoque le buffet de l’orgue de Finahut, selon elle. «Il est taillé en pointe. Il indique ces sommets vers lesquels nous conduisent la musique et la spiritualité».
En filigrane du festival, c’est un désir de faire vivre les églises de cette région qui anime l’initiatrice de ces rencontres musicales. «Des personnes vont entrer dans les églises peut-être par hasard en voyant une affiche ou en entendant quelques notes de musique». «Des gens qui d’ordinaire ne viendraient pas, renchérit Jean-Pierre Liaudat. C’est un premier pas». Pour Michèle Vongerichten, c’est surtout un moyen de ne pas réduire ces lieux de cultes en «objets». «Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de lieux vivants, où tout un chacun peut goûter à quelque chose qui le dépasse». Une tâche à laquelle le festival Orgues, Musiques et Cimes apporte sa contribution depuis six ans.
Six concerts et une académie
Le duo Frachbourg-Waeber (harpe et claviers) ouvrira officiellement cette édition 2016 mardi à l’église de Salvan à 20h30. Suivront les prestations du pianiste Guillaume Moix et de la soprano Valérie Beney (église de Trient, mercredi, 20 heures); du quatuor vocal de Fribourg Orchis (église de Vernayaz, jeudi, 20 heures), du trio Oper’harpe (vendredi à Vallorcine) ou encore le récital de chant et d’orgue, dimanche 14 août à Finhaut dès 18 heures, par le duo Voce Humana, qui marquera les 50 ans de l’orgue de Finhaut. Cette année, les cours d’orgue sont donnés par Michel Jordan, titulaire de l’orgue de l’abbatiale de Romainmôtier, et Anne-Claude Burnand-Mauri, enseignante à l’Ecole de Musique de Pully. (cath.ch-apic/pp)
Pierre Pistoletti
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