Musulman engagé, Tareq Oubrou, d’origine marocaine, représente en France une voix libérale. Aussi ses interventions pèsent-elles dans le débat public.
«Réformer l’islam, oui, mais croire que cela va éradiquer la radicalisation des jeunes, c’est se faire des illusions», estime l’imam de Bordeaux dans Le Monde du 4 août 2016. «En effet, poursuit-il, la radicalisation comme processus préliminaire au terrorisme s’explique en premier lieu par un mal-être dont souffrent certains individus mal installés dans la société».
En fait, estime le penseur musulman, l’embrigadement de certains jeunes ne l’est pas vraiment, car l’allégeance que ces derniers prêtent à l’organisation Etat islamique par le biais du virtuel «n’est qu’un alibi pour se venger de leur société».
Et Tareq Oubrou interpelle la France: «On demande aux jeunes de respecter les valeurs de la République, lesquelles valeurs, parfois ne sont pas respectées par ceux qui sont censés les défendre et les incarner». Car l’échec de l’intégration des jeunes, la démission des parents et le manque d’affection à cause de l’effritement des liens familiaux expliquent largement le phénomène de la radicalisation.
Au passage, le penseur musulman estime que la focalisation sur les seules mosquées et leurs financements n’est pas justifiée. Parce que, en France, «d’autres cultes, comme l’Eglise orthodoxe, bénéficient de financements venant de Russie». Et que dans les faits, les grandes mosquées financées par des Etats étrangers sont classées parmi les «mosquées modérées».
Aussi, indique Tareq Oubrou, «il ne suffit pas de construire une mosquée avec l’argent des fidèles pour que celle-ci soit ‘modérée’, ni que l’imam soit formé en France pour être forcément un imam modéré. Beaucoup d’imams étrangers sont beaucoup plus modérés que certains imams français de la deuxième génération pourtant formés en France». (cath.ch-apic/lm/bl)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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