Expulsé du pays par les autorités syriennes en 2012 en raison de son opposition au régime, le jésuite italien, qui se qualifiait lui-même d'»amoureux de l’islam», avait pris fait et cause pour ceux qui veulent chasser le président Bachar al-Assad.
Au début de la guerre en Syrie, Paolo Dall’Oglio militait pour une transition démocratique et pacifique du régime syrien, avant que ses positions ne se durcissent avec le déclenchement des violences armées. Le religieux, qui vivait dans la nouvelle fondation monastique de Deir Maryam el Adhra, à Souleymanieh, au Kurdistan irakien, avait même mené campagne en Europe pour la livraison d’armes aux rebelles.
Il n’avait pas la même analyse des événements que ses confrères jésuites restés à l’intérieur pour soutenir les populations victimes des violences. Un de ses confrères syriens confiait à cath.ch, peu avant son enlèvement, qu’avec ses positions «radicales», le jésuite italien avait perdu toute crédibilité en Syrie, car il était devenu «partie prenante dans ce conflit (…) Comme religieux, il aurait dû jouer un rôle de pont entre les communautés, et ne pas prendre parti à ce niveau».
Le 27 juillet 2013, le Père Dall’Oglio, de retour en Syrie après avoir traversé clandestinement la frontière turque, s’était rendu à Raqqa, où il a été enlevé par des hommes armés, appartenant vraisemblablement à Daech, le soi-disant Etat islamique (EI). Il voulait négocier la libération d’otages aux mains des terroristes. Des rumeurs contradictoires circulent sur son sort, mais il faut craindre qu’il ait été exécuté par les djihadistes qui contrôlent Raqqa, tout comme l’a été un de ses accompagnateurs.
Pendant trente ans, le Père Dall’Oglio a travaillé à réhabiliter les ruines de Mar Moussa el Habashi, Saint-Moïse l’Abyssin, un monastère datant du 6e siècle, situé aux portes du désert syrien, à 80 kilomètres au nord de Damas. Il y fonda une communauté dédiée au dialogue islamo-chrétien et à l’hospitalité.
Depuis trois ans, malgré les nombreux appels, dont ceux du pape François, aucune nouvelle fondée n’a permis de savoir ce qu’il était advenu du Père Dall’Oglio. D’autres personnalités religieuses sont portées disparues en Syrie: le 22 avril 2013, deux évêques orthodoxes d’Alep, Mgr Boulos Yazigi et Mgr Yohanna Ibrahim, étaient enlevés par des groupes armés islamistes. Auparavant, le 9 février 2013, deux prêtres, le Père Michel Kayyal, arménien catholique, et le Père Maher Mahfouz, grec-orthodoxe, avaient été séquestrés par des djihadistes. Aucune nouvelle sur le sort de ces religieux n’a été publiée depuis lors. (cath.ch-apic/be)
Jacques Berset
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