Guatemala: Enquête sur la mort de l’assassin de Mgr Gerardi

Byron Lima Oliva a été tué le 18 juillet 2016 lors d’une rébellion au sein du centre pénitentiaire de Pavón, situé près de la capitale, Guatemala City. Ce capitaine de l’armée guatémaltèque, détenu depuis 2000, avait été reconnu coupable de l’assassinat de Mgr Juan José Gerardi, évêque auxiliaire de Guatemala City, le 26 avril 1998.

Le prélat avait notamment participé à la Commission Nationale de Réconciliation instaurée pour établir les responsabilités dans le cadre des violations des droits humains commises durant la guerre civile dans le pays (1960-1996). Il avait été violemment assassiné dans sa maison deux jours après la présentation, en 1998, du rapport «Guatemala: plus jamais».

Le document mettait en évidence les crimes systématiques commis par l’armée. Outre le capitaine Byron Lima Oliva, le rapport évoquait l’implication de son père, le colonel Byron Lima Estrada, qui a accompli sa peine avant d’être libéré. Parmi les personnes impliquées dans le rapport de Mgr Juan José Gerardi, figurait également le Père Mario Orantes, un religieux condamné en 2001 à 20 ans d’emprisonnement pour complicité de meurtre.

Prisonnier «privilégié»

Byron Lima Oliva était considéré comme le prisonnier le plus puissant du pays. Il contrôlait d’ailleurs le centre pénitentiaire, où il bénéficiait de nombreux privilèges. En 2013, il avait ainsi été arrêté hors de prison, alors qu’il ne possédait aucune autorisation de sortie. Son influence était telle qu’on lui attribuait même un droit de regard sur le choix du directeur de l’administration pénitentiaire du pays.

La police travaille sur l’hypothèse d’une querelle qui l’aurait opposé à un autre détenu, qui aurait été protégé par des agents pénitentiaires pour commettre son crime. Treize autres personnes ont été tuées lors de cette rébellion, y compris le mannequin argentin Joanna Birriel, qui était avec Byron Lima Oliva.

La responsabilité de l’Etat

La guerre civile au Guatemala a opposé le gouvernement militaire de l’époque, soutenu par les Etats-Unis, à des groupes rebelles d’extrême gauche, appuyés par les paysans et les indigènes. A la fin de ce conflit, qui a fait plus de 100’000 morts, des dizaines de milliers de disparus et 1’000’000 déplacés, le gouvernement a été considéré comme responsable pour les crimes commis contre la population civile. (cath.ch-apic/jcg)

Bernard Hallet

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