Le pape François avait souhaité entrer seul, à pied et en silence sous le fameux portail d’entrée du camp d’Auschwitz, surmonté de l’inscription «Arbeit mach frei" (le travail rend libre). A bord d’une petite voiture électrique, il s’est ensuite rendu jusqu’au Block 11, lieu de punition et de torture. Le pape s’est alors assis seul sur un banc, pour 15 minutes de prière silencieuse, sur la «place de l’appel», là où le saint polonais Maximilien Kolbe s’offrit à la place d’un père de famille, condamné à mourir. Ce geste héroïque fut accompli il y a 75 ans jour pour jour, le 29 juillet 1941. Puis, le pape a symboliquement déposé un baiser sur un pilier du Block 11.
Accueilli par le premier ministre polonais Beata Maria Sztdlo, le pape a salué, un à un, une dizaine de survivants des camps de la mort, dont trois centenaires. La plus âgée, 101 ans, est la violoniste polonaise Helena Dunicz Niwinska, déportée à Auschwitz en janvier 1943 avec sa mère, morte deux mois plus tard. L’un des survivants a ensuite remis au pape une bougie, avec laquelle le chef de l’Eglise catholique a allumé une lampe à huile devant le mur des exécutions, avant de prier devant, debout et silencieux, et de toucher ce mur de la mort.
Après quoi le pape François s’est rendu seul dans la cellule où mourut saint Maximilien Kolbe, des suites d’une privation forcée de nourriture et d’une injection de phénol, le 14 août 1941. Assis et recroquevillé, tête baissée, le pape s’est longuement recueilli dans cette cellule sombre, seulement éclairée d’une ampoule jaunâtre. Il a ensuite signé le livre d’or du musée d’Auschwitz, en y écrivant cette brève prière, en espagnol: «Seigneur, prends pitié de ton peuple. Seigneur, pardon pour tant de cruauté».
Le pape François est sorti du camp d’Auschwitz, de nouveau seul et à pied, avant de remonter dans la petite voiture électrique en direction du camp de Birkenau, où l’attendaient un millier de personnes devant le monument des nations, au bout de la tristement célèbre voie ferrée d’accès au camp. Il s’est ensuite rendu à pied devant les grandes dalles sombres du monument international dédié aux victimes, à deux pas des anciennes chambres à gaz et des fours crématoires effondrés.
Lentement, le chef de l’Eglise catholique a alors longé les stèles écrites dans les 23 langues des déportés, s’arrêtant devant chacune d’entre elle, dont celle en hébreu. Il a déposé une bougie devant le monument et s’est arrêté pour un nouveau de temps de prière, pendant lequel un rabbin a chanté en hébreu le Psaume 130, le De Produndis dans la tradition catholique.
Ce psaume a ensuite été lu par un prêtre polonais, porteur d’un symbole fort : il s’agissait du curé de la paroisse du village de Markowa (sud-est de la Pologne), où vécut la famille catholique Ulma, exterminée en mars 1944 par les nazis pour avoir hébergé des juifs dans sa ferme. Yad Vashem, le centre de recherche et d’éducation sur l’Holocauste à Jérusalem, a reconnu les Ulma comme «Justes parmi les nations» en 1995. Leur cause de béatification est en cours. (cath.ch-apic/imedia/ami/bl/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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