Ces derniers dénoncent une atteinte aux libertés individuelles et mettent en garde contre des mesures à venir qui pourraient être encore plus restrictives. A Aïtaroun, bourg où vivent quelque 6’000 habitants, une piscine appartenant à la municipalité a récemment été interdite d’accès aux femmes pendant la baignade des hommes. Les motifs invoqués sont ceux de la nudité des torses des baigneurs et de l’aspect des maillots de bain masculins qui peuvent exposer le corps en raison de leur humidité.
Désormais, les femmes et les enfants pourront accéder à la piscine du matin jusqu’à 16h, alors que les hommes pourront se baigner le soir. A Jebchit, une ville de 25’000 habitants, un magasin où les jeunes peuvent se connecter à internet a reçu un communiqué de la municipalité lui demandant, entre autres, de ne pas autoriser la mixité dans ses locaux, et de fermer aux heures de prière.
Le dernier incident de ce genre a eu lieu tout récemment dans la ville de Khiam, un bastion du Hezbollah non loin de la frontière israélienne, où avait été établi pendant l’occupation un sinistre camp de détention tenu par l’Armée du Liban-sud, pour le compte d’Israël. Ici, les femmes ont été interdites de participer à un marathon, pour éviter la mixité lors de la course.
«Il s’agit d’un phénomène récent que l’on voit apparaître au niveau des municipalités. C’est la première fois qu’elles prennent des décisions qui ont pour but d»organiser’ les relations entre les gens, avec la religion en toile de fond», confie à L’Orient-Le Jour le journaliste et analyste politique Ali el-Amine.
«Il y a 50 ans et plus, la mixité ne faisait pas problème dans les villages chiites du Sud», relève Ali el-Amine. Il rappelle que hommes et femmes se croisaient souvent devant les cours d’eau. «Quand les gens n’avaient pas encore accès à l’eau courante, les femmes allaient faire la lessive et la vaisselle dans les cours d’eau pendant que les hommes se baignaient».
Il pense que ces interdictions de mixité pourraient s’expliquer par le climat d’extrémisme religieux qui prévaut actuellement en raison des conflits régionaux. «Le Hezbollah mise sur l’identité religieuse chiite pour justifier son engagement en Syrie. Or les gens deviennent extrémistes quand la religion est mobilisée de la sorte. Il se peut que le Hezbollah ne soit pas directement impliqué dans les agissements qui ont eu lieu dans les municipalités. Mais ces comportements sont des conséquences sociales du retour vers le religieux».
Pour le journaliste libanais, «certaines personnes confinées dans leurs villages adhèrent à ce genre de discours, mais les habitants de ces villages sont ceux-là mêmes qui vont à la plage de Tyr où la mixité existe… En général, la majorité des gens sont gênés par ces décisions et ils hésitent entre le fait d’en rire ou d’en pleurer».
D’autres, comme le journaliste Imad Komeiha, affirment que ces interdictions de mixité sont dues au fait que le Hezbollah contrôle les municipalités où elles ont été émises, et cela dévoile «le vrai visage du Hezbollah… qui est celui d’un parti religieux et islamique». (cath.ch-apic/orj/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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