Même après des heures de queue devant les magasins, avant leur ouverture, Ernesto Salazar, qui habite la banlieue de Caracas, n’est pas assuré d’obtenir les denrées dont il a besoin. «Nous ne mangeons plus certains aliments, ou nous mangeons moins», commente-il le 25 juillet 2016 à l’agence d’information américaine Catholic News Service (CNS). «Nous avons atteint le point où la recherche de nourriture est devenu un véritable travail», rapporte le mécanicien de 33 ans.
Les longues files d’attente sont désormais habituelles devant les points d’alimentation. Le pays connaît une pénurie de médicaments. L’inflation est galopante et l’instabilité politique paralyse depuis maintenant plus d’un an, le Venezuela, qui est au bord de l’effondrement. Maria Elena Febres Cordero, président du Conseil national pour les laïcs, affirme que la morosité économique a rapproché les Vénézuéliens de l’Eglise, les incitant notamment à s’adresser à leurs paroisses pour obtenir de l’aide financière et du réconfort moral et spirituel. L’Eglise locale fait de son mieux pour assister la population, bien qu’elle soit également atteinte dans ses capacités par la crise. Les dons, par lesquels l’Eglise assure une grande partie de ses services, sont nettement en baisse. Toutes les demandes ne peuvent donc pas être remplies et les institutions d’aide sont forcées de donner la priorité aux situations les plus urgentes.
Une médiation internationale prévoit de mener des pourparlers, ces prochaines semaines, afin de trouver une issue au différend politique qui oppose le président Nicolas Maduro à une opposition majoritaire au Parlement. Les deux parties soutiennent le rôle de médiation proposé par l’Eglise catholique locale et le Vatican.
Les leaders catholiques du pays doutent cependant que le gouvernement actuel puisse régler le problème. Selon Mgr Diego Padron Sanchez, président de la Conférence épiscopale du Venezuela, l’administration Maduro a montré son incapacité à traiter les défis urgents auxquels est confronté le pays. «Un gouvernement qui a perdu la guerre économique et est incapable de fournir nourriture et médicaments à son peuple, et qui en plus a refusé de permettre aux institutions religieuses et sociales de soulager les pénuries et les maladies, ne possède pas l’autorité morale suffisante pour appeler au dialogue et à la paix», affirme l’archevêque de Cumana, au nord du pays. (cath.ch-apic/cns/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/venezueliens-affames-se-tournent-vers-leglise/