La «Conférence des Leaders Religieux sur le Terrorisme» s’est tenue en présence du ministre tanzanien de l’Intérieur, Mwigulu Nchemba, qui a exhorté les chefs religieux à exercer pleinement leur mission de paix dans la société et à renforcer l’unité nationale.
La Tanzanie est l’un des premiers pays d’Afrique à être confronté au terrorisme islamiste. En août 1998, un attentat à l’ambassade des Etats-Unis à Dar-es-Salaam avait fait 11 morts et 83 blessés. Depuis, le pays (aussi bien l’Ile de Zanzibar que la partie continentale) est souvent secoué par des violences islamistes, marquée par des incendies de lieux de culte, ainsi que par des attentats contre des chefs religieux. Les sites de plusieurs gouvernements occidentaux mettent ainsi en garde leurs concitoyens devant se rendre dans le pays.
Le 5 mai 2013, plusieurs personnes ont été tuées et blessées dans un attentat contre une église située non loin d’Arusha, la seconde ville de Tanzanie. En 2014, de nombreux attentats à l’explosif ont eu lieu dans la partie continentale du pays ainsi qu’à Zanzibar.
Pour les leaders religieux des diverses confessions, les religions pratiquées dans le pays peuvent beaucoup apporter à la lutte contre le terrorisme et contribuer à la construction et au renforcement de l’unité nationale. Pour ce faire, elles doivent expliquer «l’interprétation correcte» des enseignements religieux. Car, ont-ils estimé, l’un des facteurs qui contribuent aux actes terroristes est la mauvaise interprétation des versets des livres sacrés.
Intervenant lors de la réunion, au nom du gouvernement tanzanien, le ministre de l’Intérieur Mwigulu Nchemba a invité les leaders religieux à continuer à soutenir le gouvernement dans la lutte contre la criminalité. Ces leaders sont importants dans la communauté et leur présence facilite le travail de son département, notamment dans le maintien de la paix et de la sécurité, a-t-il souligné.
Pour sa part, Mgr Renatus Nkwande, évêque du diocèse de Bunda, au nord du pays, a indiqué que les chefs religieux devraient se concentrer sur l’éducation et l’interprétation correcte de l’Ecriture sainte, afin de sensibiliser les croyants, plutôt que de les forcer à comprendre le sens de leurs opinions personnelles.
Selon lui, des «enseignements étranges» sont dispensés par certains chefs religieux à des croyants, et ce genre de doctrines n’aident pas à accroitre la spiritualité. «En tant que leaders religieux, nous devrions insister sur ce que l’on trouve dans les Ecritures et l’enseigner. Ne nous laissons pas dicter notre façon de vivre et notre action, qui doivent inspirer les autres à vivre une vie pieuse», a encore suggéré Mgr Nkwande.
De son côté, Cheikh Alhad Mussa Salum, commissaire général de Dar-es-Salaam, a rappelé que «la vie sans la paix est sans valeur». «L’une des raisons pour lesquelles il y a le terrorisme est la perversion des enseignements purs de l’islam», a-t-il poursuivi, ajoutant que l’islam est une religion de paix et non pas une religion de violence et de terrorisme.
«La vie est un don de Dieu, et la préservation de la vie est l’une des intentions de la religion islamique», a-t-il fait remarquer, notant que la différence de religion est la volonté divine, et que «la dignité humaine et le respect de l’individu doivent être protégés par tous». (cath.ch-apic/amecea/ibc/be)
Jacques Berset
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