A 60 kilomètres à l’ouest de Cracovie, deuxième ville de Pologne, se trouve sur 200 hectares le plus vaste système concentrationnaire construit par les nazis: les camps d’Auschwitz, de Birkenau et de Monowitz. Sur 1,3 million de déportés, plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants, dont 960’000 juifs, ne reviendront pas. Depuis 1947, les camps sont un lieu de mémoire et de pèlerinage. Ils ont été inscrits en 1979 au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Comme archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla fréquente maintes fois le site d’Auschwitz, qui dépend de son diocèse. Il est très logiquement le premier pape à s’y rendre et célèbre le 7 juin 1979 une messe à Birkenau pendant plus de trois heures devant 500’000 fidèles, dont d’anciens déportés portant les tenues rayées d’origine. Dans son homélie, il dénonce un «Golgotha du temps contemporain (…) construit pour la négation de la foi» et se recueille dans la cellule du Père franciscain polonais Maximilien Kolbe, qui s’est proposé de prendre la place d’un père de famille condamné à mort. Le franciscain est canonisé en tant que martyr trois ans plus tard à Rome en présence du détenu dont il a pris la place.
Le pontificat de Jean-Paul II est cependant marqué par une décennie difficile à cause du Carmel d’Auschwitz, couvent installé en 1984 dans l’enceinte du camp, et vu par la communauté juive internationale comme une tentative de christianisation de ce lieu de mémoire. Les 14 sœurs carmélites quitteront le couvent en 1993 mais y laisseront une croix de sept mètres de haut érigée en 1988.
A son tour, Benoît XVI se rend à Auschwitz le 28 mai 2006, l’année suivant son élection. Enrôlé de force dans les jeunesses hitlériennes à 14 ans, le pape se présente «comme un fils du peuple allemand», un peuple instrumentalisé, selon lui, par «un groupe de criminels». Accompagné par le cardinal français Jean-Marie Lustiger, né juif et qui a perdu sa mère à Auschwitz, il rend un vibrant hommage à Jean Paul II et se demande comment Dieu a «toléré tout cela».
Le pontife bavarois rencontre des rescapés des camps et prie sur les lieux du martyre de saint Maximilien Kolbe et de la philosophe ashkénaze Edith Stein, carmélite convertie sous le nom de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix. Le pape visite le centre de dialogue et de prière d’Auschwitz, proche du camp, créé en 1992 sous l’impulsion du cardinal Lustiger. Benoît XVI clôture sa visite par un discours fort au camp de Birkenau dans lequel il fustige «le régime de terreur nazi» mais dénonce aussi une autre dictature, celle «de Staline et de l’idéologie communiste». (cath.ch-apic/imedia/gjes/mp)
Maurice Page
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