Premier pape à visiter les camps de la mort en juin 1979, Jean Paul II avait alors célébré une messe particulièrement émouvante à Birkenau. Venu s’agenouiller dans ce «Golgotha du temps contemporain», il avait fustigé le système nazi «qui déniait systématiquement l’humanité». En mai 2006, venu quant à lui «en fils du peuple allemand», Benoît XVI y avait prononcé un discours fort dans lequel il s’était demandé comment Dieu avait «toléré» une telle «accumulation de crimes». Troisième pape à se rendre à Auschwitz et Birkenau, François a choisi pour sa part le silence et le recueillement pour cette visite de deux heures.
Fin juin, en rentrant de son voyage en Arménie, le pape François avait ainsi expliqué aux journalistes qu’il souhaitait se rendre seul dans ce lieu d’horreurs afin de prier, souhaitant que le Seigneur (lui) donne la grâce de pleurer. S’il ne sera pas totalement seul, il devrait en revanche garder le silence et c’est sur le livre d’or du camp d’Auschwitz que devraient finalement se trouver les seuls mots du pape argentin.
Comme ses deux derniers prédécesseurs, le pape François passera à pied sous la célèbre entrée du camp d’Auschwitz surmontée par l’inscription en allemand «Arbeit macht frei» (le travail rend libre). Puis, à bord d’une petite voiture électrique, il se rendra jusqu’au Block 11, lieu de punition et de torture, et priera en silence sur la «place de l’appel», là où Maximilien Kolbe s’offrit à la place d’un père de famille, condamné à mourir. Ce geste héroïque, le Père franciscain polonais l’accomplit il y a 75 ans exactement, le 29 juillet 1941.
Accueilli par le Premier ministre polonais Beata Maria Systole, le pape François saluera 10 survivants des camps de la mort. Le dernier d’entre eux lui remettra une bougie. Le pape allumera alors une lampe qu’il laissera sur les lieux. Puis il se rendra en privé dans la cellule où mourut saint Maximilien Kolbe, des suites d’une privation de nourriture et d’une injection de phénol, le 14 août 1941. Le pape signera le livre d’or.
Puis, au camp de Birkenau, le pape François se rendra devant les grandes dalles sombres du monument international consacré aux victimes. Après un temps de prière silencieuse et le dépôt d’une bougie, il saluera 25 «Justes parmi les nations». Un rabbin chantera ensuite en hébreu le Psaume 130, le De profundis dans la tradition catholique. Celui-ci sera ensuite lu par un prêtre polonais, porteur d’un symbole fort.
Le prêtre qui lira le psaume est en effet le curé de la paroisse du village polonais de Markowa (sud-est) où vécurent Jozef et Wiktoria Ulma avec leurs six enfants, une famille catholique exterminée en mars 1944 par les nazis pour avoir hébergé des juifs dans leur ferme. Yad Vashem, le centre de recherche et d’éducation sur l’Holocauste à Jérusalem, a reconnu les Ulma comme «Justes parmi les nations» en 1995. Leur cause de béatification est en cours. (cath.ch-apic/imedia/ami/mp)
Maurice Page
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