L’ONAFAR est un organe consultatif et de veille, chargé de promouvoir le dialogue interreligieux, de veiller à éviter les dérives d’ordre religieux, notamment dans les médias. Créé en janvier 2015, il est composé de dix membres, représentants le Conseil supérieur de la communication (CSC), le ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la Sécurité (MATDS), la Fédération des Eglises et missions évangéliques, les Associations islamiques du Burkina, et la Conférence épiscopale Burkina-Niger.
Selon l’imam Tonnelière, tout le monde reconnaît cette cohabitation interconfessionnelle solide, qui remonte à longtemps. Certains l’expliquent notamment par l’esprit de conciliation des burkinabè, et par la cohabitation, dans une même famille, entre plusieurs confessions religieuses. Une telle situation permet de régler les éventuelles tensions d’ordre religieux, puisque tout le monde se connaît. Ce qui facilite la compréhension. Car, »quand on ne connaît pas l’autre, on est méfiant et on peut vouloir le combattre», a-t-il ajouté, rappelant l’adage qui dit que «l’homme est ennemi de ce qu’il ignore». «Mais une fois qu’on comprend chacun dans ses croyances religieuses, on évite les conflits.»
Pour son président, l’ONAFAR permet d’éviter la stigmatisation car il est composé d’acteurs religieux qui abordent «certains sujets en toute franchise et sans aucun complexe». Ce qui est bien mieux que lorsque des personnes extérieures à la religion prononcent des discours sur l’extrémisme violent.»Elles peuvent ne pas maîtriser la réalité et se laisser facilement embarquer par un contexte international de ‘l’Islam bushing’, où l’islam a bon dos et où les musulmans sont des coupables désignés», a fait remarquer l’imam Ismaël Tiendrébéogo.
«Nous sommes des leaders religieux, donc, notre parole à un certain poids au sein des différents groupes auxquels nous appartenons», a-t-il poursuivi, en réponse à une question sur le pouvoir de sanction ou de décision de sa structure. Cette position de leader d’opinion permet à l’Etat d’avoir des personnes compétentes, sur le plan religieux, et écoutées par leurs coreligionnaires.
Pour l’imam Ismaël Tiendrébéogo, «sauf à utiliser des espions ou des agents de renseignement, l’administration ne peut pas pénétrer au cœur des différentes organisations religieuses». Or, par «la confiance que les gens placent en nous, nous pouvons voir facilement dans quelles mesures tel ou tel aspect pourrait avoir un impact négatif sur la cohésion sociale et attirer l’attention de l’Administration sur la question.» (cath.ch-apic/ibc/mp)
Maurice Page
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