Selon un communiqué diffusé par le Vatican le 13 juillet 2016, la commission mixte patronnée par le religieux français Bernard Ardura, président du Conseil pontifical des sciences historiques, a été chargée par le pape de procéder à une relecture commune de la vie du cardinal de répondre à l’exigence d’éclaircir certaines questions historiques.
Les travaux de la commission, qui se réunira une prochaine fois mi-octobre à Zagreb, devraient durer une douzaine de mois. Au Vatican, on précise d’ores-et-déjà que le résultat de ce travail scientifique basé sur la documentation disponible et sa contextualisation, n’interfèrera pas sur le processus de canonisation qui est de la seule compétence du Saint-Siège.
A la tête du diocèse de Zagreb pendant 23 ans, de 1937 à 1960, Mgr Alojzije Stepinac lutte durant la Seconde Guerre mondiale en faveur des droits des personnes persécutées et discriminées. Au sortir du conflit, en septembre 1946, il est arrêté sur ordre des autorités communistes, qui ont pris le pouvoir en Yougoslavie, car il rejette l’ordre de Tito de créer une «Eglise nationale serbo-croate» indépendante de Rome.
Au terme d’un procès très discuté, il est condamné à 16 ans de travaux forcés et emprisonné par les autorités yougoslaves pour collaboration avec les Oustachis et complicité dans la conversion forcée de serbes-orthodoxes au catholicisme. On l’accuse également de complicité passive avec le génocide de centaines de milliers de Serbes, juifs et Tsiganes par le régime oustachi. Le régime fasciste et antisémite oustachi avait été fondé en 1929 par Ante Pavelic, sous le régime autoritaire d’Alexandre Ier de Yougoslavie (1921-1934). Ce mouvement croate avait pour but de contrer la prédominance serbe.
En 1952, il est créé cardinal par Pie XII. Le prélat meurt le 10 février 1960, en résidence surveillée dans son village natal, près de Zagreb. En octobre 1998, il est béatifié par Jean Paul II au sanctuaire de Marija Bistrica, au nord de la Croatie. Le cardinal Alojzije Stepinac est le premier martyr du régime communiste à avoir été élevé à la gloire des autels.
En visite en Croatie en juin 2011, Benoît XVI avait alors évoqué «l’existence héroïque» du cardinal Stepinac, assurant que ce bienheureux croate, parfois soupçonné de collaboration passive avec le régime pro-nazi des Oustachis, avait su au contraire résister à tout totalitarisme, devenant le défenseur des juifs, des orthodoxes et de tous les persécutés sous la dictature fasciste, et un martyr sous le régime communiste. (cath.ch-apic/imedia/ami/mp)
Maurice Page
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