Dans un communiqué au sujet du nouvel hymne, la SSUP informe que «plusieurs municipalités l’ont intégré dans leur programme de la fête nationale». C’est le cas de commune genevoise de Meinier, qui souhaite en profiter pour ouvrir la discussion. «Nous chanterons une strophe de l’hymne traditionnel suivi d’une strophe du nouvel air. En fonction des réactions, nous déciderons ensuite la version qui sera conservée pour l’an prochain», clarifie une responsable communale auprès la presse romande.
Organisatrice de l’événement sur la prairie mythique du Grütli, l’association SSUP propose que le nouvel hymne y soit chanté en parallèle à la version traditionnelle. L’appel de cette association à «propager» le nouvel air agace certains politiciens. «Cette manière de faire est intolérable», réagit Céline Amaudruz (GE), vice-présidente de l’UDC, qui dénonce l’utilisation du Grütli à des fins de propagande. «Aujourd’hui, il y a une telle médiatisation autour de ce projet que les gens croient qu’il s’agit d’une démarche officielle. C’est un vrai problème! Il est question de notre culture et de nos valeurs. Si le Cantique suisse ne plaît pas à certaines personnes, qu’elles lancent une initiative populaire! A l’étranger cette démarche serait tout bonnement inimaginable. Si, en plus, les communes commencent à faire chanter un hymne qui n’en est pas un, ça devient inquiétant!», déclare-t-elle.
Même son de cloche pour le vice-président du PDC Yannick Buttet (VS), qui dénonce des méthodes de la SSUP ne cherchant qu’à introduire «insidieusement» un nouvel hymne, en dehors de tout débat démocratique. Excédé, il a en outre demandé au Conseil fédéral de retirer à la SSUP sa gestion du Grütli. «On cherche à substituer toutes connotations religieuses, soutien le Valaisan. Dieu et la patrie, ça dérange, alors on préfère les remplacer par la justice sociale et la solidarité. Mais si cet hymne a de la valeur, c’est parce qu’il a été chanté par nos parents et nos grands-parents». Pour l’élu PDC, si le Conseil fédéral ne réagit pas au problème, il n’exclut pas «une initiative populaire pour inscrire notre hymne national dans la Constitution».
Les représentants de la Société suisse d’utilité publique clarifient leur point de vue. «Nous ne cherchons pas à imposer quoi que ce soit, nous voulons proposer quelque chose qui corresponde mieux à notre société, explique le directeur Lukas Niederberger. Un chant religieux, est-ce encore adapté alors qu’un quart de la société se considère comme non-croyant? Notre version interroge nos valeurs, c’est l’occasion de débattre de notre identité.»
Lukas Niederberger se défend également de faire passer le projet uniquement sous la mention «proposition». «Si on prend l’ensemble du processus, c’est clair que c’est d’abord la société civile qui doit connaître le texte, et ensuite seulement elle peut demander à changer d’hymne. La décision ne peut pas venir des élites. C’est typiquement suisse! Notre démarche n’est pas isolée en Europe. Certains, en France, s’interrogent aussi sur la violence du texte de La Marseillaise. En Allemagne, l’hymne a changé après la Seconde Guerre mondiale. En Autriche, c’était il y a quatre ans pour y intégrer les femmes.» Cette démarche «typiquement suisse» devra peut-être passer par une votation populaire pour mettre tout le monde d’accord. (cath.ch-apic/com/ag/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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