Le texte définitif de l’initiative n’est pas encore arrêté. Selon le quotidien 24 Heures, l’UDC «hésite entre deux variantes». La première veut «interdire à toutes les communautés religieuses reconnues de pouvoir revendiquer des dérogations motivées par la croyance ou la pratique religieuse». La seconde vise à «interdire à toutes les autorités politiques cantonales et locales, ainsi qu’à tous les établissements publics, le droit de pouvoir accorder des privilèges revendiqués par la croyance ou la pratique religieuse».
«Depuis 2003, le canton de Vaud est le seul canton à proposer un statut intermédiaire entre reconnaissance de droit public et aucune reconnaissance, explique à cath.ch Kevin Grangier, secrétaire général de l’UDC Vaud. Quelques communautés religieuses ont décidé de se lancer dans le processus. Avec cette initiative, nous souhaitons agir en amont pour éviter qu’une reconnaissance ne donne lieu à des dérogations communautaristes».
«On ne va pas tourner autour du pot, poursuit le secrétaire général de l’UDC Vaud. Si le texte s’applique à tous, il concerne principalement les communautés musulmanes. Toutes les communautés issues du christianisme s’inscrivent dans un environnement culturel qui leur est proche. Ce n’est pas le cas de l’islam, religion très prosélyte, qui cherche à imposer son mode de vie».
Ne serait-il donc pas judicieux de préciser le texte de l’initiative? La question n’est pas tranchée. «Le texte n’est pas encore définitivement arrêté, explique Kevin Grangier, il est encore perfectible». Le sens du projet, quant à lui, est clair, selon le secrétaire général: «En Suisse, on pratique la religion comme les Suisses. On peut être musulman dans le cadre familial, mais on s’abstient d’exiger de manger halal à l’école ou de demander un congé spécifique pour le ramadan».
«Le texte concerne principalement les communautés musulmanes».
A travers ce projet, le secrétaire général de l’UDC explique vouloir «cadrer» les dérives communautaristes. «Malheureusement, l’Europe regorge d’exemples de mauvaises intégrations de communautés musulmanes, on l’a vu notamment à Molenbeek-Saint-Jean. Nous n’en sommes pas là, nuance Kevin Grangier, mais nous souhaitons éviter ces dérives dans le canton de Vaud».
A 10 mois des élections cantonales, la démarche n’est-elle pas intéressée? «Le calendrier joue en notre faveur, rétorque Kevin Grangier. On sent que c’est une thématique qui vient sur la table. Selon 24 Heures, «L’UDC Vaud mise sur ce thème accrocheur pour décrocher 30 sièges au Grand Conseil en 2017 (contre 26 actuellement) et avoir un élu au Conseil d’Etat».
L’inquiétude du parti vaudois se fonde sur les articles 171 et 172 de la Constitution cantonale du 14 avril 2013 qui stipulent que «La communauté israélite, telle qu’elle est établie dans le canton, est reconnue comme institution d’intérêt public. A leur demande, l’Etat peut reconnaître le même statut à d’autres communautés religieuses; il tient compte de la durée de leur établissement et de leur rôle dans le canton» (art. 171). Le suivant précise que cette reconnaissance est conditionnée par le «respect de l’ordre juridique et de la paix confessionnelle» et par le «respect des principes démocratiques et à la transparence financière».
Dans la Constitution vaudoise, l’Eglise évangélique réformée et l’Eglise catholique romaine sont reconnues comme institutions de droit public. Elles ne sont donc pas concernées par ces dispositions. Contactée, l’Eglise catholique dans le canton de Vaud (ECVD) n’entend pas prendre position au sujet de ce projet d’initiative dont le texte définitif n’est pas encore connu. Elle rappelle cependant que «le processus de reconnaissance de communautés religieuses est pionnier dans son ouverture au pluralisme religieux».
Pour être reconnue, une communauté requérante doit démontrer son ancrage dans la société vaudoise. Si le gouvernement cantonal accepte de la reconnaître, il doit avoir l’aval du Grand Conseil et, le cas échéant, la décision peut être soumise à référendum.
Si aucune communauté n’a pour l’heure fait de demande de reconnaissance formelle, «plusieurs s’y préparent», explique à 24 Heures Eric Golaz, délégué aux Affaires religieuses de l’Etat de Vaud: les anglicans alliés aux catholiques-chrétiens, la Fédération évangélique vaudoise et les communautés orthodoxes. «L’Union vaudoise des associations musulmanes est, elle, en réflexion», précise le quotidien.
Quant à la récolte de signatures, «elle devrait avoir lieu durant les quatre premiers mois de l’année prochaine», précise Kevin Grangier. (cath.ch-apic/24heures/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
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