Emmanuel Chidi Namdi et sa femme, Chinyery, avaient surmonté de terribles épreuves pour atteindre l’Italie, rapporte le site d’information catholique américain Crux. La secte islamiste Boko Haram, qui a récemment fait allégeance à l’Etat islamique (EI), avait bombardé l’église de leur village, au nord du Nigeria, tué leurs parents et leur fille. Ils avaient survécu à la traversée du désert nigérien, à la violence des milices et des trafiquants libyens et à ce que le pape François appelle «le cimetière» de la Méditerranée. L’enfant que Chinyery portait dans son ventre au moment de leur départ n’a cependant pas survécu à cette odyssée. Le couple était arrivé malgré tout à Fermo en septembre dernier. Ils y avaient trouvé asile, avec 124 autres migrants, dans le séminaire de l’archidiocèse.
Ils espéraient que l’Italie, ce pays très majoritairement catholique, serait pour eux un refuge sûr.
«Ils étaient si amoureux l’un de l’autre, ils étaient toujours ensemble et ils avaient de grands projets», se souvient le Père Vinicio Albanesi, curé à Fermo, cité par le quotidien italien La Repubblica. Ne pouvant se marier civilement, à cause de leur statut légal, ils s’étaient néanmoins mariés religieusement, dans l’église du Père Albanesi.
Namdi est décédé à l’hôpital, après avoir été agressé par Amedeo Mancini, un agriculteur de la région qui était notamment interdit de stades pour comportement violent. Les hommes responsables de la mort du Nigérian avaient traité sa femme de «guenon africaine», avant de la bousculer et de la jeter au sol. Lorsque son conjoint a tenté de la défendre, Amedeo Mancini a saisi un panneau de signalisation routière, avec lequel il a lourdement frappé le migrant.
Le Père Albanesi craint que le meurtre de Namdi ne soit pas un cas isolé, mais le signe d’une xénophobie en croissance dans la région de Fermo et en Italie, où des milliers de migrants arrivent chaque jour. Les craintes du prêtre sont étayées par de nombreux autres cas, note Crux. De février à mai 2016, quatre bombes artisanales ont, par exemple, explosé à proximité des églises de Fermo dont les paroisses s’occupent de réfugiés. Personne n’a été blessé et les dégâts ont été très légers. Mais, selon le Père Albanesi, ces actes proviennent de la même «matrice de racisme» que celle qui a tué Namdi.
Après le meurtre, une foule de fidèles s’est rassemblée à l’endroit de la tragédie et a prié pour la victime. Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, qui connaît personnellement le Père Albanesi, lui a téléphoné pour lui exprimer sa solidarité, ainsi que celle du gouvernement. (cath.ch-apic/crux/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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