Bangladesh: l’attaque terroriste en réponse à une fatwa pour la paix

L’attaque terroriste du du 1er juillet 2016, faisant vingt mort dans un restaurant d’un quartier diplomatique de Dacca, la capitale du Bangladesh, survient à peine quinze jours après la fatwa du Conseil des oulémas du pays, dénonçant le terrorisme comme «contraire à l’islam».

Revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI), disant s’en être pris à un rassemblement de «citoyens d’Etats croisés», le dramatique événement survient, alors que le 18 juin 2016, la fatwa intitulée «Fatwa pour la paix et le bien-être de l’humanité» avait été publiée. L’action vient du Jamaiatul Ulema (Conseil des oulémas), en réaction aux nombreuses actions meurtrières qui ont visé ces derniers mois des blogueurs, des membres des minorités religieuses et des étrangers. Le texte avait reçu le soutien de quelque 100’000 responsables musulmans, religieux et savants de l’islam bangladais, selon l’agence d’information Eglises d’Asie (EDA).

L’attaque vient un groupe bangladais

«Il ne peut y avoir de rationalité derrière ces attaques et ceux qui ont fait cela n’ont pas de religion», a fustigé la Premier ministre, Sheikh Hasina, le 2 juillet, décrétant un deuil national de deux jours. Appelant le pays à s’unir pour combattre le terrorisme, elle a demandé à ces concitoyens de «mettre de côté leurs différences pour établir un Bangladesh sûr et pacifique».
La réponse est saluée, mais ne fait pas l’unanimité dans le pays. Pour le ministre de l’Intérieur, Asaduzzaman Khan, les actions répétées des islamistes sont à mettre au compte du Jamaat-e Islami, le parti islamiste allié du BNP (Parti nationaliste du Bangladesh), l’adversaire historique de la Ligue Awami, actuellement au pouvoir. La police et les ministres en charge des affaires de sécurité ont également affirmé que les terroristes du Holey Artisan Bakery appartenaient à un groupe bangladais, bien que des actions précédemment menées au Bangladesh ait été revendiquées par l’organisation Etat islamique.

«La même chose arrivera aux chrétiens bangladais»

Dans un pays où les chrétiens ne représentent pas 0,5 % de la population, Mgr Gervas Rozario, président de la Commission ›Justice et Paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh, souligne que les chrétiens ne sont pas en sécurité au Bangladesh. «Des militants tuent des étrangers parce qu’ils ne peuvent pas réciter un verset du Coran. Il y a toutes les raisons de craindre que la même chose arrivera aux chrétiens bangladais, car nous formons une petite communauté sans défense. Nous ne sommes pas en mesure de faire pression sur le gouvernement pour qu’il assure notre sécurité, à moins que les puissances occidentales ne le fassent».

Plutôt que nier avec obstination la présence de l’organisation Etat islamique, le gouvernement ferait mieux de chercher à contrôler ceux qui soutiennent les militants qui se réclament de l’idéologie de l’Etat islamique, conclut l’évêque catholique, suite à un appel de ses pairs à la Miséricorde.


Rappel de l’événement
Vendredi 1er juillet 2016, vers 21h, un commando lourdement armé de sept hommes a pénétré dans le Holey Artisan Bakery, un restaurant du quartier diplomatique de Gulshan, à Dacca, fréquenté par les étrangers. Les terroristes n’en ont été délogés que plus de douze heures plus tard, par un assaut des forces de l’ordre bangladaises; sept des six terroristes y ont trouvé la mort. Bilan tragique, la prise d’otages a fait vingt morts: deux policiers tués lors d’échanges de tir, et dix-huit étrangers, pour la plupart tués à l’arme blanche par les terroristes. Parmi les victimes, on dénombre neuf Italiens, sept Japonais, un Américain et un Indien. Treize otages, dont deux Sri-Lankais et un Japonais, sont sortis vivants de l’attentat. Selon le père d’un des survivants, les hommes du commando ciblaient les étrangers et tuaient ceux qui ne pouvaient réciter des versets du Coran. (cath.ch-apic/eda/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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