Duraid Hikmat Tobiya souligne le 25 juin 2016 à l’agence d’information catholique Asia News que, contrairement à ce qui se passe avec les femmes yézidis, abusées de manière systématique, les cas de chrétiennes violées sont cependant «sporadiques».
Le responsable catholique, également membre de l’ONG Hammurabi Human Rights Organization, possède un réseau d’informateurs dans les territoires contrôlés depuis deux ans par les terroristes de Daech. Il indique que, ces derniers jours, une Irakienne chrétienne qui a fui Mossoul, a raconté les violences qu’elle a subies de la part des djihadistes. Elle a expliqué à la chaîne de télévision américaine Fox News avoir été «épousée» et «divorcée» au moins neuf fois, afin de fournir une justification religieuse à son viol. «Ils m’ont prise autant de fois qu’ils l’ont voulu», a-t-elle affirmé.
La femme, d’une trentaine d’années, se rappelle particulièrement un de ses tortionnaires, un certain Farouk, qui était obsédé par elle et qui lui répétait qu’il aimait «le peuple de Jésus». Les viols et les violences étaient précédés d’appels téléphoniques par lesquels, les miliciens se faisaient accorder, de la part des leaders religieux islamistes, la permission d’abuser d’elle.
La milice de l’EI possède un système tarifaire qui spécifie le coût des «esclaves» sur la base de leur âge, de leur appartenance ethnique et religieuse. Le prix le plus élevé est donné aux enfants âgés entre un et neuf ans. Les femmes et les enfants sont appelés des «marchandises» ou des «butins de guerre» et les djihadistes sont forcés de se conformer aux tarifs, sous peine d’être exécutés.
Depuis l’arrivée de Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique) à Mossoul et dans la plaine de Ninive, les chrétiens et les yézidis, des adeptes d’une antique religion du Moyen-Orient, souffrent énormément, assure Duraid Hikmat Tobiya. Ce dirigeant catholique est lui-même originaire de la seconde ville d’Irak. Sa maison a été l’une des premières a être marquées du fameux «N» pour «nazaréen» (le terme que les djihadistes utilisent pour les chrétiens).
Il confirme qu’un grand nombre de yézidis aussi bien que de chrétiens ont été chassés de leurs domiciles. Beaucoup de membres de ces minorités ont réussi à s’enfuir, mais aujourd’hui, 3’500 femmes yézidis sont encore captives. Il resterait une poignée de familles chrétiennes à Mossoul, totalisant près de 50 personnes, sous le contrôle de l’EI. Ce sont pour la plupart des personnes handicapées ou malades qui n’ont pas pu s’enfuir.
Pour les chrétiens qui peuvent retourner chez eux dans les zones libérées de Daech, la situation reste difficile, note Duraid Hikmat Tobiya. Des cellules dormantes de djihadistes «prêtes à frapper» demeureraient en place dans ces secteurs. (cath.ch-apic/asian/rz)
Raphaël Zbinden
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