Luc 10,1-12.17-20
Si les 3 évangiles synoptiques rapportent un envoi en mission des 12 (apôtres), seul Luc y ajoute la même expérience pour les 72 (disciples), un chiffre qui oriente vers l’universalité.
Lorsque Luc écrit, il y a plus de 50 ans que le Christ n’est plus visiblement présent. Cela influence notre texte qui rapporte les paroles du Christ durant son ministère, alors que les conditions de la mission post-pascale ne sont plus les mêmes…
L’initiative du Christ (1)
Le choix des 72 et l’envoi en mission (devant sa face) 2 par 2 (une manière de donner du poids) sont conçus comme une sorte de préparation à la venue du Christ dans ces mêmes lieux.
Les consignes (2-12)
Elles sont variées.
Au moyen d’une métaphore (la moisson) Jésus commence par rappeler aux envoyés (déjà présentés comme peu nombreux à l’époque…) qu’il y a un Maître qu’il convient de prier pour obtenir des ouvriers (2).
Le statut de ces derniers sera difficile (3): fragilité (moutons) au milieu de l’hostilité (loups).
Pas d’appuis humains (bourse, sacoche, sandales) et urgence: pas de temps pour de longues salutations (4).
S’il y a dépendance à l’égard de Celui qui envoie, il y a aussi dépendance vis-à-vis de ceux qui reçoivent dans leurs maisons ou leurs villes. Il convient d’accueillir humblement l’hospitalité offerte (manger, boire ce qui est offert et se reposer), ce qui constitue le salaire mérité du missionnaire (7-8).
La paix, le bien messianique par excellence, qui implique vie, communion, harmonie, sera offerte par les envoyés, mais pas forcément accueillie… (5).
La mission des 72 s’inscrit dans la parfaite continuité de ce que Jésus fait durant son ministère: soigner les malades et annoncer la proximité du Royaume (9).
Le Seigneur invite ses envoyés à une attitude de détachement en cas de refus (essuyer la poussière de la ville collée à leurs pieds) et de distance, sans pour autant renoncer à affirmer la proximité du Royaume (10-11).
Il reste que ces refus sont graves, puisque la ville de la perversion par excellence, Sodome, sera traitée avec plus de clémence que celles qui se ferment à l’annonce du Royaume (12)…
Le retour de mission (17-20)
Joyeux, les disciples résument leur expérience à une sorte de grand exorcisme: les démons nous sont soumis en ton nom (17), ce que Jésus reconnaît en déclarant qu’il fut témoin de ce recul du royaume de Satan, qui, tel un éclair, tombait du ciel (18).
Puis il confirme ses envoyés dans le pouvoir qu’ils ont reçu de lui: fouler aux pieds ce qui est hostile (serpents et scorpions) et, plus globalement, agir sur la puissance de l’ennemi, à savoir Satan. Rien ne leur causera du tort (19).
La source profonde de la joie (20) ne réside pourtant pas dans cette soumission des esprits, mais bien dans la promesse de participer au Royaume céleste: vos noms sont inscrits dans les cieux.
La mission aujourd’hui
Tout baptisé est envoyé. Plus seulement en stage, mais bien en mission, à la suite du Christ et des 72.
Il est chargé
– de faire reculer l’anti-royaume de Satan qui produit violence, oeuvres de mort, repli, mépris des petits, enfermement, etc.
– pour manifester la présence du Royaume qui se lit dans la communion, l’amour et la reconnaissance de la dignité de chacun.
L’accueil ne sera pas unanime, les moyens à disposition humbles, néanmoins chaque baptisé est par vocation chargé de proposer le Christ et son Royaume de vie.
De quoi interroger nos individualismes et notre propension à penser que la foi est une affaire à usage privé…
Marie-Christine Varone| 01.07.2016
Luc 10,1-12.17-20
En ce temps-là,
parmi les disciples,
le Seigneur en désigna encore 72,
et il les envoya deux par deux, en avant de lui,
en toute ville et localité
où lui-même allait se rendre.
Il leur dit:
« La moisson est abondante,
mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Voici que je vous envoie
comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales,
et ne saluez personne en chemin.
Mais dans toute maison où vous entrerez,
dites d’abord :
›Paix à cette maison.’
S’il y a là un ami de la paix,
votre paix ira reposer sur lui ;
sinon, elle reviendra sur vous.
Restez dans cette maison,
mangeant et buvant ce que l’on vous sert ;
car l’ouvrier mérite son salaire.
Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez
et où vous serez accueillis,
mangez ce qui vous est présenté.
Guérissez les malades qui s’y trouvent
et dites-leur :
›Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ »
Mais dans toute ville où vous entrerez
et où vous ne serez pas accueillis,
allez sur les places et dites :
›Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds,
nous l’enlevons pour vous la laisser.
Toutefois, sachez-le :
le règne de Dieu s’est approché.’
Je vous le déclare :
au dernier jour,
Sodome sera mieux traitée que cette ville. »
Les 72 disciples revinrent tout joyeux,
en disant :
« Seigneur, même les démons
nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit :
« Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
Voici que je vous ai donné le pouvoir
d’écraser serpents et scorpions,
et sur toute la puissance de l’Ennemi :
absolument rien ne pourra vous nuire.
Toutefois, ne vous réjouissez pas
parce que les esprits vous sont soumis ;
mais réjouissez-vous
parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
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