Tout comme le cardinal secrétaire d’Etat du Saint-Siège Pietro Parolin, actuellement en visite en Ukraine, l’archevêque majeur de Kiev déplore que l’Europe ne soit pas consciente «qu’une tragédie a lieu sur son propre territoire».
Le cardinal Parolin vous rend visite peu après la quête souhaitée par le pape François dans les Eglises d’Europe en faveur de l’Ukraine. Comment accueillez-vous cette visite et le soutien humanitaire voulu par le pape?
Il s’agit d’un signe de la solidarité personnelle du Saint-Père, qui ne vient pas des structures, avec des idées abstraites, mais bien d’un père qui aime ses enfants qui sont en Ukraine. Cette affection vaut plus que toute aide matérielle ou financière. A travers cette action humanitaire il lance un fort appel à la fin de la guerre car nous ne pouvons pas soigner les blessés, nous ne pouvons pas nous occuper des effets de cette guerre sans nous occuper de la cause de cette souffrance. Nous accueillons positivement les appels du cardinal Parolin à la paix, au respect des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, au dialogue et à la négociation, à utiliser la voie diplomatique car il n’y a pas de solution militaire à ce conflit, à l’agression en cours contre notre pays. Le pape, enfin, à travers cette action, nous invite à être une Eglise en sortie. Nous devons sortir de notre confort pour aller à la rencontre de ceux qui souffrent et ne sont peut-être même pas conscients que quelqu’un les aime.
Comment avez-vous accueilli les paroles du cardinal Parolin qui a parlé d’une «guerre oubliée»?
Il était important d’entendre ce terme de «guerre oubliée», car voici près d’un an que je l’utilise moi-même! Lorsque le pape a annoncé la collecte pour l’Ukraine, nombreux sont ceux qui, en Europe, ont été surpris et se demandaient: ›mais la guerre en Ukraine n’est-elle pas terminée?› On ne parle plus de la souffrance en Ukraine. Il y a de tellement de conflits à travers le monde que, souvent, l’Europe n’est pas consciente qu’une tragédie a lieu sur son propre territoire, la plus grande crise humanitaire sur ce continent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Espérons que ceux à qui il a adressé cet appel l’entendront, avec un cœur ouvert.
Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège rencontre aujourd’hui les plus hautes autorités ukrainiennes, dont le président Petro Porochenko. Qu’attendez-vous de ces rencontres?
J’espère que notre pays développera une stratégie en matière de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Car il y a en effet une véritable carence systématique en ce domaine. Notre pays est en reconstruction et les catholiques d’Ukraine travaillent afin d’expliquer aux responsables de l’Etat ce que signifie aujourd’hui l’autorité morale du pape. Et ce afin qu’à travers la voix du pape, le monde entende la vérité à propos du peuple ukrainien. Espérons que ces contacts permettront la résolution du conflit en Ukraine. (cath.ch-apic/imedia/Propos recueillis à Zaporijia (Ukraine), par Antoine-Marie Izoard)
Bernard Hallet
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