La guerre en Ukraine a été «injustement oubliée», déplore le cardinal Parolin 

La «guerre sournoise» qui se déroule encore dans l’est de l’Ukraine a été «injustement oubliée» par l’Europe et les médias, a déploré avec force le secrétaire d’Etat du Saint-Siège le 16 juin 2016 à Zaporijia, non loin de la zone des combats. En visite auprès des populations déplacées, le cardinal Pietro Parolin a appelé l’Europe à «se sentir responsable du destin» de la région, assurant que le conflit allait bien au-delà des frontières ukrainiennes.

Dans l’église latine située près de la curie diocésaine de Zaporijia, le bras droit du pape a pris la parole devant les représentants des différentes Eglises et confessions religieuses de la région. Alors que le cessez-le-feu est régulièrement violé dans la région du Donbass, non loin de là, le cardinal Parolin a dénoncé cette «guerre sournoise, souvent cachée, apparemment peu visible et pour cela injustement oubliée, y compris par les médias du monde entier». Ce conflit qui a déjà fait près de 10’000 morts, a-t-il poursuivi, «est une menace constante à la vie, une déstabilisation permanente pour un processus de reprise, et seulement une source de gains illicites pour quelques-uns».

Des conséquences pour l’équilibre du monde

«Il ne s’agit pas seulement d’un conflit qui se prolonge, mais d’un danger permanent, le signe d’un choc de civilisation, d’histoires et de peuples, qui va bien au-delà des frontières de l’Ukraine», a assuré le secrétaire d’Etat, sous-entendant en particulier la responsabilité de la Russie dans ce conflit que certains ne voient que comme une guerre civile. «On ne peut pas blaguer avec les provocations», a souligné le haut prélat, jugeant que ce conflit menaçant «pourrait avoir des conséquences dans l’équilibre qui est déjà continuellement violé en de nombreuses parties du monde».

Dès lors, le premier collaborateur du pape a souhaité que l’on fasse «tous les efforts possibles pour mettre fin au drame de l’Ukraine» et a particulièrement tourné son regard vers le Vieux continent. «L’Europe, a soutenu le cardinal Parolin, doit se sentir responsable du destin de cette zone géopolitique qui la concerne directement, et doit le faire avec générosité et longueur de vue, sans regarder seulement les intérêts économiques ou stratégiques».

Plusieurs millions d’euros

De vifs applaudissements ont salué les propos du cardinal Pietro Parolin lorsqu’il a rappelé les mots de Jean Paul II qui, en quittant l’Ukraine 15 ans plus tôt, avait souhaité que le pays «puisse s’insérer à plein titre dans une Europe qui embrasse tout le continent, de l’Atlantique à l’Oural».

«Maintenir l’attention sur le pays et sa situation». C’est le sens de la collecte pour l’Ukraine récemment voulue par le pape François et de la visite de son secrétaire d’Etat, a également confié le cardinal Parolin. Lors d’une conférence de presse, par la suite, le nonce apostolique à Kiev a indiqué que la quête réalisée en avril dernier dans les églises d’Europe avait permis de collecter «plusieurs millions d’euros».

Le calcul de l’argent récolté est encore en cours, mais Mgr Claudio Gugerotti a indiqué qu’il serait exclusivement destiné à venir en aide aux déplacés originaires de la partie orientale du pays. Cet argent, a-t-il insisté, sera destiné à tous, sans distinction religieuse, ethnique ou linguistique, et permettra en premier lieu d’acheter de la nourriture, des médicaments, mais aussi de payer des loyers pour des personnes sans domicile. (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)

Raphaël Zbinden

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