L’objectif affiché du pouvoir birman est ambitieux, mais la méthode encore floue, remarque, le 14 juin 2016, Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. Le nouveau gouvernement «va donner la priorité à la promotion de relations harmonieuses dans le pays», confie le cardinal Charles Bo, archevêque catholique de Rangoun, la principale ville de Birmanie, à l’agence d’information AsiaNews. Un projet de loi est en préparation, qui a pour but d’encourager la coexistence pacifique des différents groupes religieux et de «prendre des mesures efficaces à l’encontre de ceux qui essaieraient de nuire à cette harmonie». Mgr Bo se déclare cependant sceptique à propos de la participation des militaires et du parti de l’ancienne junte au pouvoir dans ce projet.
Même si le projet en est à ses débuts, cette volonté de la part d’un gouvernement birman de promouvoir l’harmonie religieuse est nouvelle, relève EdA. La précédente administration, dominée par les anciens militaires, avait fait voter un paquet de quatre lois sur «la protection de la race birmane et de la religion bouddhiste», critiquées par les minorités religieuses qui les jugeaient discriminatoires. Ces lois restreignent les conversions et les mariages interreligieux, interdisent la polygamie et les relations sexuelles hors mariage. Elles servent également à contrôler la démographie dans les régions où la natalité est forte.
Le nouveau gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie s’est montré très prudent dans son approche de la question arakanaise. En 2012, plus de 100’000 personnes, la plupart musulmanes d’ethnie rohingya, ont fui des combats interreligieux dans l’Etat de l’Arakan, frontalier du Bangladesh. Depuis, elles vivent dans des camps de déplacés. La plupart sont apatrides. Le nouveau gouvernement ne semble pas avoir de plan précis pour gérer ce dossier, ni pour rapprocher les communautés musulmanes et bouddhistes qui vivent de manière séparée depuis quatre ans.
Les bonzes du mouvement radical Ma Ba Tha maintiennent en outre la pression sur le nouveau gouvernement. Ils ont appelé le pouvoir à protéger le bouddhisme, à ne pas revoir la loi sur la nationalité qui empêche les musulmans de l’Arakan de l’obtenir, et à ériger une barrière à la frontière bangladaise pour se protéger d’une prétendue immigration illégale. (cath.ch-apic/eda/rz)
Raphaël Zbinden
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